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Les employeurs partagés sur l'intérêt des contrats jeunes

SANS | publié le : 15.04.2003 |

Les contrats jeunes en entreprise se veulent l'arme anti-chômage numéro un du gouvernement Raffarin. Problème ? Ils intéressent surtout des secteurs bien précis : ceux qui ont besoin d'une main-d'oeuvre non qualifiée, en l'occurrence le bâtiment, l'hôtellerie-restauration et le commerce de détail.

Effet d'aubaine ou réel besoin ? Si les contrats jeunes en entreprise, lancés en pleine période estivale 2002, ont connu un démarrage difficile, ils sont, aujourd'hui, parfaitement sur les rails : près de 50 000 contrats ont été signés, soit un peu plus que les attentes du ministère du Travail. La montée en charge se fera progressivement avec 90 000 contrats en 2003 et 160 000 en 2004. Au total, le gouvernent table sur 250 000 d'ici à la fin 2005. Avantages pour les intéressés ? Ces contrats sont de "vrais contrats" à durée indéterminée, à temps plein ou à temps partiel, payés au Smic

Incitation financière

Le gouvernement a dû, toutefois, battre le rappel, en octobre dernier, en lançant une vaste campagne de communication pour alerter les entreprises. Les jeunes sont, en effet, les premiers concernés par la remontée du chômage (+ 7,3 % en un an). Pour contrer cette progression, le gouvernement a tablé sur le contrat jeune en entreprise, destiné à faciliter l'insertion professionnelle des 16-22 ans, peu ou pas diplômés.

Pour convaincre les employeurs, pas de recette miracle, mais un principe bien connu : l'exonération de charges sociales patronales. L'Etat apporte une aide sous forme d'une exonération de 225 euros par mois, cumulable avec les allègements de bas et moyens salaires. Ce soutien correspond à une exonération totale de cotisations sociales patronales les deux premières années au niveau du Smic, et partielle (50 %) la troisième année. La facture de cette mesure est de l'ordre de 200 millions d'euros pour 2003, et qui atteindra 600 millions d'euros en 2005. Toutes les entreprises (et les associations) peuvent en bénéficier car, si au départ, le dispositif ne devait s'adresser qu'aux PME de moins de 250, il a ensuite été généralisé, sous la pression des sénateurs, à l'ensemble des entreprises.

Coup de pouce

Coup de pouce incitatif ? Sur ce sujet, les avis des organisations professionnelles divergent. Si la Capeb (Confédération de l'artisanat des petites entreprises du bâtiment) craint que l'intérêt financier n'arrive en tête des motivations des employeurs du secteur, au détriment des contrats d'apprentissage et de qualification, l'Union des industries chimiques (UIC) rétorque, de son côté, que « peu d'entreprises du secteur ont saisi cet effet d'aubaine ». « Nous avons du mal à intégrer des jeunes peu formés, indique Gabriel Hamon, directeur des affaires sociales de la profession. Nous sommes sur des métiers de plus en plus qualifiés. C'est pourquoi, les contrats d'apprentissage et de qualification nous semblent plus appropriés. » En somme, le contrat jeune en entreprise semble peu apprécié par les entreprises qui misent sur une main-d'oeuvre qualifiée ou qui visent des niveaux de qualification plus élevés. Dans ce cas, aucun risque qu'il ne vienne cannibaliser les contrats en alternance !

En revanche, il trouve tout son intérêt pour des secteurs qui n'ont pas forcément besoin de main-d'oeuvre qualifiée. Ce n'est donc pas une surprise si ces contrats ont remporté un vif succès auprès des entreprises de la construction, des hôtels et restaurants, ainsi que du commerce de détail et de la réparation... A eux seuls, ces trois secteurs représentent plus de la moitié (52,7 %) des entrées dans le dispositif.

Stabiliser les jeunes

« Ce contrat en CDI permet de stabiliser une partie de ces jeunes qui sont souvent très volatiles, insiste Yves-Benoît Cattin, directeur général du Gil-Medef Lyon et Rhône. Beaucoup de petites entreprises des services, distribution, logistique, gardiennage, hôtellerie, blanchisserie industrielle, ont du mal à pourvoir des emplois de faible qualification... Le contrat Fillon répond tout à fait à leurs attentes. »

Restent, toutefois, deux inconnues : tout d'abord, quelle sera l'attitude des entreprises une fois les exonérations terminées, c'est-à-dire au bout de trois ans ? Tiendront-elles leur engagement ? Ensuite, ces secteurs à forte main-d'oeuvre, peu attractifs, en raison de leurs faibles rémunérations et de leurs conditions de travail difficiles, connaissent déjà un fort turn-over et il n'est pas certain que ce contrat, même en CDI, résolve leurs problèmes.

Des coaches dans le bâtiment

La solution se trouve, peut-être, dans l'exemple donné par la Fédération française du bâtiment (FFB) qui a, ainsi, décidé de compléter le dispositif Fillon par un accompagnement individualisé, en signant, le 12 février dernier, avec les syndicats, un accord qui propose la mise en place de "tuteurs coaches". Leurs missions ? Accompagner, faciliter l'apprentissage et amener le jeune à l'obtention d'une validation professionnelle.

« On a fait ce que l'on a toujours fait, accueillir des gens et les former, souligne Jacques Lair, président de la commission formation à la FFB. Nous sommes un monde d'autodidactes où le savoir-faire compte plus que le diplôme. Le défi est, ici, de les accueillir pour, ensuite, les intégrer. Dans les années 60, il s'agissait de gens qui ne parlaient pas notre langue, des Portugais, des Turcs, des Yougoslaves. Aujourd'hui, ce sont des jeunes en difficulté. C'est pourquoi, le rôle du coach ne sera pas uniquement pédagogique, mais aussi social. »