Signe de nos temps troublés, le mot "durable" n'a jamais été aussi en vogue qu'en ce début de millénaire où, au contraire, tout paraît particulièrement incertain, voire franchement volatile, si l'on se réfère à la situation boursière qui ressemble à la courbe de température de l'économie. Mais justement, dira-t-on.

Après avoir fait l'apologie du changement, il n'est que temps d'amarrer nos espoirs à du solide. Après, donc, avoir exalté les performances à court terme, synonymes d'audace, nous voici, pour quelque temps, renvoyés dans les buts d'une gestion de bon père de famille soucieux de laisser un patrimoine à sa descendance.

Exit la culture du miracle et des performances exponentielles, au profit de la quête de biens durables et d'indicateurs raisonnables. Et, parmi ceux-ci, aucun, mieux que ceux de "croissance organique" et de "résultat opérationnel" ne sauraient évidemment nous satisfaire. Les coqueluches des marchés ne sont donc plus, aujourd'hui, telle entreprise spéculative oeuvrant dans l'Internet, mais ceux qui ont déjà fait leur preuve : Accor, Air liquide, L'Oréal, etc.

Si cette antienne était l'unique apport du livre de Paul Pinto, il ne vaudrait sans doute pas la peine d'en parler. Mais l'auteur a su accommoder le plat roboratif de la réussite dite "pépère" à un certain nombre de notions nettement plus modernes concernant les valeurs - et, notamment, la valeur marque -, la relation client, le management de la connaissance, la gestion des potentiels, etc.

Un exercice qui ne manque donc ni de brio ni d'intérêt, puisqu'il nous faut bien, comme tout le monde, choisir de durer, à défaut de toujours briller.

Paul Pinto est cofondateur d'Emeris Consulting et spécialiste du management du changement.