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Des expatriés sous haute surveillance

SANS | publié le : 08.04.2003 |

Consignes de sécurité, mise en place de cellules de surveillance, contacts réguliers avec des médecins, voire rapatriement des familles... Les entreprises françaises multiplient les mesures de précaution pour contrer l'inquiétude des salariés expatriés en Asie du Sud-Est.

D'Arcelor à Rhodia, en passant par Aventis, Bouygues Construction, le Crédit Lyonnais ou PSA, les entreprises françaises multiplient les mesures de précaution à l'égard de leur personnel expatrié en Asie du sud-Est. Pour l'instant, la pneumonie atypique (ou syndrome respiratoire aigu sévère, SRAS) n'a fait aucune victime parmi les salariés français expatriés à Hong Kong, à Singapour ou en Chine. Mais, au fur et à mesure que le virus se propage, l'inquiétude monte, créant un climat proche de la psychose.

Premiers rapatriements

Les premiers rapatriements ont commencé, la semaine dernière, pour des salariés du groupe Aventis et leur famille. « Mais de manière volontaire », affirme-t-on au siège de l'entreprise, à Strasbourg, sans confirmer, toutefois, le nombre exact de retours.

La plupart des autres groupes français se tiennent prêts à faire de même. « Nous organisons un suivi de très, très près, avec un contact régulier avec les managers sur place », indiquait, le 3 avril, le service de communication d'Arcelor (une vingtaine d'expatriés en Asie du Sud-Est). La situation est laissée à leur appréciation. Néanmoins, on se met au service des familles pour organiser leur rapatriement si elles le souhaitent. » Avec, à la clé, réservation de vols et d'hôtels. Mais pour l'heure, aucune demande n'a été formalisée. Les mêmes précautions sont prises chez Lafarge, Bouygues Construction et Saint-Gobain.

Vigilance

Ailleurs, si on ne parle pas encore de rapatriement, la vigilance est le maître mot. De fait, si, jusqu'ici, les déplacements des salariés présents dans la zone étaient fortement déconseillés en Asie du Sud-Est, ils sont, depuis le 1er avril, formellement interdits, sauf cas de force majeure. Chez Rhodia, aucune mesure de rapatriement sanitaire n'a été engagée mais chaque filiale a mis en place une cellule de travail composée des responsables de la zone, en lien direct avec le médecin-conseil de l'entreprise, pour évaluer la situation au jour le jour. Plusieurs recommandations ont été faites aux expatriés et à leur famille : différer les consultations médicales pour éviter les hôpitaux, considérés comme des zones de danger extrême, éviter la fréquentation des lieux publics.

Isolement

De son côté, Bouygues Construction, qui compte 80 expatriés à Hong Kong, a déconseillé « tout échange entre la zone touchée et la France pour ce qui concerne les visites de clients, de la sous-traitance ou des missions d'études. Quiconque s'y rend est obligé de respecter à son retour une période d'isolement de dix jours ».

Au Crédit Lyonnais (une vingtaine d'expatriés sur la zone Hong Kong, Vietnam, Singapour, Chine), le port du masque chirurgical est obligatoire, depuis le 31 mars, pour l'ensemble des salariés. Et, depuis quinze jours, des instructions ont été transmises à l'ensemble du personnel pour se surveiller médicalement.

PSA Peugeot-Citroën, qui a deux usines dans le nord de la Chine et dans la province de Hubei, distille, pour sa part, des informations sur les évolutions cliniques du virus et incite à la prudence. La consigne : éviter les endroits bondés et les visites dans les hôpitaux. Par ailleurs, deux numéros de téléphone internes, dont un à Mulhouse, sont mis à la disposition des expatriés pour être en contact avec des médecins.

Travail à domicile

Saint-Gobain, de son côté, a interdit aux salariés expatriés de prendre les transports en commun en Chine, tandis que Lafarge propose à son personnel de rester travailler à la maison.

Le principe de précaution est aussi de mise à la Société générale. « Une note a été diffusée, le 1er avril, à l'ensemble du personnel (plusieurs milliers), décrivant très largement les symptômes, explique-t-on au siège, à Paris. A l'instar des autres entreprises, les déplacements dans la zone doivent être différés. Pour ceux qui rentrent, la consigne est d'informer leur hiérarchie et de surveiller leur état de santé pendant dix jours (durée probable d'incubation du virus). On leur explique ce qu'il faut faire et on leur indique le numéro vert de la direction générale de la santé française. »

Risque économique

Mais la démarche de la Société générale va bien au-delà, car l'entreprise cherche également à se prémunir contre un risque économique. « Nous prévoyons, dans les régions asiatiques, des "plans de continuité d'activité", c'est-à-dire que nous réorganisons toute l'infrastructure pour que la Société générale ne soit pas pénalisée si une salle de marché se trouve infectée. C'est ce que les grandes banques avaient mis en place lors du 11 septembre 2001. »

SchlumbergerSema est sur la même position. L'entité services technologiques du groupe (DeXa) a annoncé l'ouverture d'un nouveau site à Levallois, dans la banlieue parisienne, capable de donner des réponses adaptées aux entreprises et de fournir des infrastructures et des réseaux en cas d'imprévus. Ce centre de secours permet d'assurer la continuité de l'activité des clients.

Enfin, à Air France, seul le personnel navigant volontaire assure les vols en direction de l'Asie. D'après l'AFP, le 3 avril, une hôtesse de l'air, qui avait effectué un vol Hanoi-Bangk sur Air France, pourrait être touchée par le virus. Elle était toujours hospitalisée à Montpellier, le 4 avril dernier.