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Mélange de RTT et de formation pour sauver l'emploi

SANS | publié le : 01.04.2003 |

Une expérience menée autour d'Eindhoven, aux Pays-Bas, a permis de sauver 900 emplois qualifiés. La recette ? Un mélange de RTT, d'indemnités chômage et de formation.

La région d'Eindhoven est surtout connue pour être la patrie de Philips. Avec d'autres entreprises, comme Océ ou ASML, les industries de pointe représentent un quart des emplois dans la région. Mais le secteur souffre particulièrement de la conjoncture et les plans de licenciements se multiplient.

Libérer du temps

C'est pour conserver les emplois et les savoir-faire qu'élus locaux, partenaires sociaux et professionnels de la formation ont pris, l'an dernier, une initiative innovante. Le principe : réduire le temps de travail des salariés et consacrer les heures ainsi "libérées" à leur formation. Ce dispositif est accompagné d'un système d'échange de main-d'oeuvre parmi les entreprises de la région. Vingt sociétés, employant au total 2 000 personnes, y ont participé. « Nous ne voulons pas voir partir nos salariés qualifiés : ils sont la colonne vertébrale de l'entreprise, déclarait, au début du projet, un fabricant de composants électroniques. Si l'on se sépare d'eux maintenant que le secteur va mal, les deux tiers ne reviendront pas. »

L'avantage de cette méthode expérimentale est que le salarié, en temps réduit, continue de recevoir l'intégralité de son salaire. Les jours non travaillés sont payés à 70 % par l'Etat sous forme d'allocation chômage, et le complément, par l'employeur. Pendant ce temps, il faut suivre une formation de plusieurs semaines... C'est, cette fois, un fonds sectoriel, alimenté par des cotisations sociales et patronales, qui en assure le financement.

L'opération semble réussie. « Plus de 900 emplois ont pu ainsi être conservés l'an dernier, assure l'un des responsables du projet, Rob Koolen. A présent, nous voulons reconduire l'expérience sur une période de trois ans. » Reste à convaincre l'actuel ministre des Affaires sociales : contrairement à son prédécesseur, il rechigne à engager les finances publiques dans cette affaire.

Peu d'aides de l'Etat

En attendant, l'idée fait tache d'huile. Ainsi, le patronat néerlandais a récemment plaidé pour un recours au "licenciement partiel" - compensé par des indemnités chômage et accompagné d'une formation obligatoire - afin de sauver les 200 000 PME familiales des Pays-Bas. Encore faut-il que l'Etat néerlandais accepte d'intervenir aussi massivement, lui qui, jusqu'à présent, ne consacre que 1 % de ses fonds sociaux aux indemnités chômage liées à la RTT. Et cela, dans des cas bien spécifiques seulement, quand une grande entreprise ou un secteur économique tout entier est victime d'une forte diminution d'activité. Ainsi, après le drame du 11 septembre, les compagnies aériennes néerlandaises avaient pu bénéficier provisoirement d'une telle mesure.