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Les ex-PPE se dispersent dans la nature

SANS | publié le : 01.04.2003 |

Alléchés par la prime de départ, les jeunes salariés de l'usine de circuits imprimés ont boudé la cellule de reclassement. Ils ont quitté l'Alsace ou ont tenté de retrouver du travail sur place par eux-mêmes. Avec un bonheur inégal.

Décidément, Photo Print Electronic continue de défrayer la chronique alsacienne. Après sa faillite express, précipitée par la chute du marché des téléphones portables, ce fabricant allemand de circuits imprimés se "distingue" encore dans la phase de reclassement. L'antenne-emploi n'a attiré que 14 des 213 salariés de l'usine de Pulversheim (Haut-Rhin), fermée, en mars 2002, après moins de quatre ans de fonctionnement.

L'effet prime de départ

Plusieurs acteurs du dossier expliquent ce "taux record" (6,5 % !) par l'effet pervers de la prime de départ de 7 800 euros. Aprement négociée dans les derniers jours, avec l'aide des influents syndicats des Mines de potasse voisines, cette prime était particulièrement bienvenue, vu la faible ancienneté du personnel. Mais « beaucoup de salariés, jeunes (la moyenne d'âge était de 27 ans), n'ont vu que la perspective de cet argent qui tomberait vite. Ils se sont dit qu'ils pourraient refaire leur vie ailleurs ou retrouver du boulot par eux-mêmes », observe un ancien cadre. Cette analyse se retrouve à l'ADA (Agence de développement de l'Alsace), l'organisme de prospection qui avait fait venir PPE.

Le cabinet mulhousien Proréseau, chargé de l'antenne-emploi, ajoute un autre élément : la "confusion" quant à un prétendu coût d'adhésion à la cellule. En fait, le plan social prévoyait de geler une partie de la prime (1 050 euros environ) si le licencié entrait dans la démarche de reclassement. « Les gens ont cru comprendre qu'il leur fallait payer, ce qui en a fait fuir plus d'un », rappelle Marc Sarwatka, consultant associé.

Sur les 14 happy few de l'antenne, 12 sont des cadres. « Notre méthode de travail s'en est trouvée bouleversée. Avec un tel public, il ne s'agissait plus de faire le tour des entreprises environnantes par téléphone », signale Daniel Moueza, de Proréseau. Le cabinet annonce le reclassement de 13 personnes sur 14 « en CDI ou en CDD de plus de six mois, sans perte de salaire puisque aucune demande d'ATD (Allocation temporaire dégressive) n'a été notée ». La cellule a aussi assuré un gros travail de suivi psychologique.

Association d'anciens

Et tous les autres ? Les réponses ne peuvent être que parcellaires, mais il semble que beaucoup de ceux qui pensaient se reclasser sans problèmes ont dû déchanter. Une association des anciens de PPE s'est constituée à l'initiative de cadres intermédiaires et supérieurs. Un de ses membres signale tel superviseur de ligne qui se retrouve en intérim, mais aussi des réembauches dans l'automobile et la plasturgie au niveau local, ainsi que dans la chimie et la mécanique en Suisse, distante de moins de 50 km. Sur la même zone industrielle de Pulversheim, l'usine de sièges automobiles Faurecia/Sielest, qui cherchait du personnel à l'époque, ne comptabilise qu'"une petite dizaine maximum" d'ex-PPE. « PPE évoluait dans un univers fait de blouses blanches, de gants et d'un peu de "noblesse" du produit. » Ce contexte a pu rendre exigeants certains des jeunes licenciés.