Dans une société où l'on entre de plus en plus tard dans la vie active et où l'on tire sa révérence à la vie de plus en plus tard également, le problème des retraites doit, manifestement, être revu de fond en comble. A la question du financement, qui agite le monde salarial et tend à opposer les salariés du privé et ceux du public, mais aussi les idéologues de la mutualisation et ceux des fonds de pension, s'ajoutent des questions concernant la prise en compte du risque "fin de carrière" et du risque "dépendance", notamment en toute fin de vie.

Dès sa création, en effet, le risque vieillesse a été défini comme la constitution d'un revenu de remplacement pour les individus que le vieillissement rendrait un jour incapable de travailler. Or, que constate-t-on aujourd'hui ? Le travail s'arrête souvent avant l'âge de la retraite et la période de temps libre indemnisée qu'est la retraite tend à ne constituer rien moins que le tiers de la vie. Nombre d'hommes et de femmes ou bien se projettent dans une retraite faite d'activités multiples ou souhaitent prolonger leur vie professionnelle.

Comment réorganiser les temps sociaux sur l'ensemble de l'existence ? La question des retraites devient donc celle de l'organisation du temps de la vie et plus seulement celle du temps de travail. Pour nous aider à dépasser la seule question des cotisations, Xavier Gaullier, sociologue retraité du CNRS, spécialiste de l'organisation des âges et des temps de la vie dans les sociétés modernes, sort du débat partisan pour aborder une réflexion sur le sens et les options sociales.