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A Nîmes, l'intégration reste difficile

SANS | publié le : 10.03.2003 |

A Nîmes, la polyclinique du Grand Sud a recruté dix-sept infirmières et infirmiers espagnols au cours des dix-huit derniers mois. Malgré un dispositif complet d'accompagnement pour une bonne intégration, près de la moitié souhaitent interrompre leur contrat.

«J'avais envie de travailler en France et j'ai été bien accueillie à la polyclinique du Grand Sud. Si c'était à refaire, je recommencerais. Mais, après quinze mois d'une expérience très intéressante, l'Espagne me manque un peu et j'y retourne le mois prochain pour essayer d'y travailler. Si je ne trouve rien, je repartirai ailleurs. » A 23 ans, Myriam Santos pourra mettre en avant les acquis d'une première véritable expérience professionnelle. Car, quand elle a quitté Madrid, à l'automne 2001, elle n'y avait effectué qu'un stage de trois mois après sa sortie de l'école d'infirmières.

Mode de vie trop différent

Comme elle, sept des dix-sept infirmiers et infirmières espagnols recrutés en CDI, au cours des dix-huit derniers mois, par la polyclinique du Grand Sud, à Nîmes, ont choisi de mettre prématurément un terme à leur contrat : six pour retourner dans leur pays et tenter d'y trouver un emploi, la septième personne pour suivre une formation de sage-femme en Belgique. Quatre autres ont également annoncé leur départ prochain.

« Au bout d'un certain temps, l'éloignement de leur famille et de leur pays leur pèse plus ou moins et ils ou elles ont alors envie de retourner en Espagne, explique Michel Peyroutou, président du directoire de la polyclinique. Ici, le mode de vie est différent et, pour ces jeunes, vivant, pour la plupart, leur première expérience professionnelle - en expatriation de surcroît -, Nîmes est une ville trop provinciale et trop petite, surtout pour les Madrilènes. »

Un dispositif spécifique

Pourtant, la polyclinique Grand Sud, l'une des plus importantes du Languedoc-Roussillon avec ses 320 salariés, s'est employée à tout mettre en oeuvre pour accueillir et intégrer ces collaborateurs étrangers dans les meilleures conditions. « Depuis l'été 2001, en relation avec différents partenaires, nous avons mis en place un dispositif spécifique de formation, d'insertion et d'accompagnement, poursuit Michel Peyroutou. Nous les avons recrutés par groupes de quatre à six et toutes et tous ont bénéficié du même package. »

Formation, tout d'abord. En collaboration avec la CCI de Nîmes, une centaine d'heures de français courant leur ont été dispensées ; plus une cinquantaine d'heures de français technique médical grâce à un partenariat avec l'école nîmoise des infirmières de la Croix-Rouge. « Le plus difficile, c'est le contact au téléphone avec, au bout du fil, un Français qui parle vite et en jargon médical, indique Brigitte Noë, surveillante générale de l'établissement. Alors, forcément, le temps d'intégration est plus long : il est impossible de les laisser seuls sur un poste de travail avant dix à douze semaines en moyenne, contre quatre semaines pour un Français. »

Accompagnement très poussé

Pour favoriser cette insertion professionnelle, les premiers recrutés ont été accompagnés par une infirmière ou un infirmier français, avant que le relais soit pris par des compatriotes pour les groupes suivants. Côté logement, l'accompagnement de la polyclinique a été très poussé : « Nous leur avons trouvé à se loger pas trop loin de la clinique, l'établissement apportant, quand il le fallait, sa caution de garantie et des avances sur salaire », précise Michel Peyroutou.

Depuis l'automne dernier, la polyclinique du Grand Sud n'a plus embauché aucun infirmier ou infirmière espagnols. « Nous avons décidé de marquer une pause, explique Michel Peyroutou. Car tout cela est, tout de même, un peu éprouvant pour les équipes et l'établissement... »

Bilan national

Selon le ministre de la Santé, 272 infirmiers et 32 masseurs-kinésithérapeutes espagnols ont été formés et ont rejoint un hôpital ou une clinique, dont près de la moitié en région parisienne. Le taux de retour au pays ne serait que de 5 %.

Toutefois, d'autres dispositifs existent en région, en marge de la convention nationale, notamment en Languedoc-Roussillon (voir ci-dessus) et en Midi-Pyrénées. Ces initiatives font suite à un constat simple : la France manque de 15 000 à 20 000 infirmières, alors qu'en Espagne, 9 000 sont au chômage. Il fallait, donc, mettre en relation l'offre et la demande entre ces deux pays pour réussir l'opération.

Tous les contrats sont en CDI. Un argument de poids pour les infirmiers espagnols confrontés à la précarité dans leur propre pays.

Après des débuts chaotiques, le dispositif est, aujourd'hui, sur les rails (voir Entreprise et Carrières n° 658). Le ministère espère recruter 400 stagiaires espagnols par an et étudie l'extension de cette procédure à d'autres professions, notamment aux médecins, et à d'autres pays européens, ainsi qu'à l'arc méditerranéen.