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Une charte éthique crée des tensions chez France Télécom

SANS | publié le : 04.03.2003 |

Alors que France Télécom vient d'annoncer un plan de réduction de ses effectifs, une "charte éthique" fait l'objet de très vives critiques de la part des syndicats qui voient là un moyen de faire pression sur les agents.

Une vive polémique vient d'éclater au- tour de la "charte éthique" que la DRH de France Télécom est, actuellement, en train de diffuser auprès de ses DRH de proximité et de ses managers. « Inacceptable », une « charte du bâton » : dans deux tracts diffusés la semaine dernière, les fédérations FO communication et Sud PTT n'avaient pas de mots assez durs pour la qualifier. « Notre objectif est simplement d'alerter les salariés sur ce qu'on peut faire et sur ce qu'on ne peut pas faire, explique Bernadette Delamarre, à la DRH. En outre, il n'y a pas de raison de tolérer que certains salariés soient en deçà de ce qu'on demande aux autres. »

Faute professionnelle

Au premier abord, le contenu de cette charte dénonce simplement des pratiques effectivement condamnables. Ce qui se justifie, comme le reconnaissent les syndicats. Le "détournement d'avantages réservés aux clients", le "dénigrement de l'entreprise ou de ses représentants" ou encore la "perturbation du fonctionnement du service par des actions ou des attitudes notoirement irrespectueuses" relèvent, effectivement, de la faute professionnelle. Alors, que lui reprochent les syndicats ? « Cette charte est uniquement orientée vers la répression et ne parle à aucun moment de prévention », s'indigne Bernard Gingreau, délégué national FO. Ils accusent également France Télécom de « faire la chasse aux improductifs, de culpabiliser et de démasquer les personnels qui ne rentrent pas dans les critères prédéfinis ».

Bonnes pratiques

« Dans une charte éthique, on s'attendrait plutôt à voir mises en avant les bonnes pratiques de l'entreprise en direction de ses salariés, or celle-ci est uniquement négative », remarque un consultant. Un autre paragraphe de la charte a fait bondir les syndicats. Est, ainsi, qualifiée de « comportement professionnelle tangent » une « production notoirement insuffisante ». Or, comment définir cette insuffisance ? Pour Bernadette Delemarre, cela concerne un salarié « qui n'est pas à la hauteur de sa tâche»... Ce qui laisse, aux yeux des syndicats, une trop grande marge d'interprétation.

Selon la DRH de la région de Bourgogne, est un exemple de "production notoirement insuffisante" la « présence dans les locaux de l'entreprise, sans production suffisante, en prenant soin de ne pas faire plus de 35 heures » (par exemple, pour les cadres). « Si cela a effectivement été écrit, c'est très maladroit », reconnaît Bernadette Delamarre.

« Cette charte a pour objectif de mettre la pression sur les salariés et de multiplier les actions disciplinaires », insiste Bernard Gingreau. Alors que la direction de France Télécom a annoncé, le 14 février, son plan pour réduire les effectifs, selon lui, cette charte aurait pour objectif d'en pousser quelques-uns de plus vers la sortie.

Communication

Pour la direction, les départs naturels et les préretraites suffiront à atteindre le chiffre de 7 500 emplois supprimés en 2003. Elle objecte, en outre, que ce document n'a pas vocation à être signé par les salariés et qu'elle ne pourrait pas le leur opposer en cas de problème. « Il s'agit uniquement d'un document à visée de communication destiné aux DRH et aux managers. Si ces derniers veulent le communiquer aux salariés, ils le peuvent », explique Bernadette Delamarre. Pourtant, FO indique qu'à Chalon-sur-Saône, des salariés se sont vu demander d'émarger au bas de la charte. Mais que les salariés aient signé ou non, le document ne pourrait pas, de toute façon, leur être opposé, dans la mesure où il n'a aucune valeur juridique. En outre, le règlement intérieur et le Code du travail fournissent déjà les outils juridiques nécessaires à l'encadrement d'éventuels manquements des salariés.

A l'heure où la tension sociale est déjà forte dans l'entreprise, la circulation de cette "charte éthique" génère encore davantage d'inquiétude et d'interrogations.