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SANS

Surtout reste comme tu es !

SANS | publié le : 04.03.2003 |

Lorsqu'une personne se transforme, son entourage n'est pas toujours capable de la soutenir et de l'encourager. Y compris ses proches. Pourquoi ? On devrait pourtant se réjouir quand un ami ou un collègue fait des efforts pour s'améliorer et parvient à changer son comportement ou son caractère ! Malheureusement, c'est souvent l'inverse qui arrive. Depuis le collaborateur qui décide de se tempérer davantage en réunion et à qui l'on dit « Alors, pas de réactions passionnées aujourd'hui ? », jusqu'à celui qui fait un régime et à qui l'on propose négligemment « Prends donc cette crème brûlée, ça ne te fera pas de mal », les exemples sont légion. Pourquoi est-on incapable de soutenir l'autre dans son effort de développement ? Sans doute pour trois bonnes raisons.

Premièrement, on s'est installé dans une routine d'échange bien rodée. Lorsque l'autre se transforme, la dynamique est perturbée et nos propres repères vacillent. Derrière cela se cache une vieille histoire de positionnement. Inconsciemment en effet, chacun s'évalue supérieur à son voisin dans certains registres (et inférieur ou égal dans d'autres). On se sent par exemple plus compétent, plus tenace, plus malin. On trouve que l'on réussit mieux sa carrière, que l'on est plus beau physiquement... Jusque-là tout va bien. Mais l'autre change, corrige ses points faibles et développe sa confiance en soi. Alerte maximum ! Comme dans un jeu à points, on semble se dire intérieurement « J'avais 50 points et l'autre n'en avait que 20, j'étais tranquille ». Mais voilà soudain qu'il passe à 25 points, puis 30. Panique ! L'important est de maintenir l'écart. Notre équilibre est à ce prix. Donc, aucun encouragement, surtout. Plutôt quelques attaques, de l'indifférence ou une remarque ironique bien envoyée : « Alors, pas de colère aujourd'hui ? » Notre but non avoué est de maintenir l'interlocuteur dans son état d'origine.

Deuxième facteur : en se transformant, l'autre nous renvoie comme en miroir l'image que changer est possible. Et nous alors ? Pourrions-nous aussi nous transformer ? L'idée à elle seule constitue chez certains un poil à gratter insupportable. Mieux vaut donc dissiper rapidement la gêne, soit en minimisant le changement de l'autre, soit en ne se sentant pas concerné. « C'est sûr qu'il avait vraiment besoin de changer, ce n'était pas du luxe. »

Troisième raison pour maintenir l'autre comme il est : on tient à ses étiquettes. Quand on a nommé un collaborateur « paresseux », « impulsif » ou « mauvais manager », c'est, tout de même, perturbant d'être obligé de revoir ses intitulés. Car distribuer des étiquettes rassure, c'est se donner le sentiment que l'on maîtrise son monde. Je l'ai nommé, je sais de quoi il retourne, donc je contrôle. Au secours ! L'entreprise étant fréquemment le terrain de jeu de l'inconscient, n'y aurait-il aucune issue ? Si, bien sûr : la solution est d'être soi-même en évolution. On est tous capables d'encourager un enfant, car notre positionnement ne s'en trouve pas menacé. Pourquoi ne saurait-on pas le faire avec ses pairs ? Soutenir et encourager les autres, c'est accepter d'être en changement et d'avancer ensemble sur le chemin de la transformation personnelle.