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Le départ en pointillé des salariés des usines d'optique

SANS | publié le : 04.03.2003 |

Annoncée depuis près d'un an, la reconversion industrielle des sites Alcatel de Lannion et d'Illkirch progresse lentement. Pendant ce temps, départs volontaires et mesures d'âge particulières font fondre les effectifs sans recours au licenciement.

Annoncée au printemps dernier, la reconversion hors de l'optique des usines Alcatel de Lannion (Côtes-d'Armor) et d'Illkirch (au sud de Strasbourg) avance à pas comptés. Sans être dépourvus de perspectives, les salariés ignorent, à ce jour, la nature exacte de leur diversification respective, et les effectifs qui y seront affectés. A Lannion, l'établissement de la filiale Optronics fermera vers la fin de l'année. La piste d'une cession en bloc à un groupe de santé, qui aurait pu être séduit par les salles blanches, n'a pas abouti. Le groupe recherche, désormais, plusieurs repreneurs partiels et évoque une « demi-douzaine de projets en cours d'instruction ». Dont la plasturgie et la pharmacie.

Une solution de transition

Illkirch forme un cas plus particulier. En raison des retournements du marché, l'optique n'y aura constitué qu'une solution de transition, de l'été 2001 au printemps 2002, après la décision d'abandonner la téléphonie mobile, et en attendant une nouvelle destinée, qui devrait être l'électronique pour l'automobile avec un partenaire industriel. La direction signale des « contacts positifs » dans ce secteur. « A la différence du GSM, nous allons évoluer sur un marché de long terme, dont les fruits ne devraient être récoltés, pour l'essentiel, qu'en 2004. D'ici là, il faudra tenir », analyse Bruno Fouarge, élu CFE-CGC au CE. En d'autres termes, Alcatel devra assurer les charges de travail transitoires, sachant qu'Illkirch arrêtera de produire des mobiles en juin prochain. Depuis l'automne dernier, le groupe a rapatrié en Alsace un certain nombre de productions sous-traitées (notamment des terminaux téléphoniques PABX pour professionnels).

Accompagnement social

En Bretagne comme en Alsace, l'accompagnement social du changement a permis d'éviter, jusqu'à présent, les licenciements. Il s'appuie sur des départs négociés et des mesures d'âge originales, issues d'un « benchmarking interne » auprès d'autres branches d'Alcatel. C'est ainsi qu'à Lannion, les effectifs sont passés de 330 à 197 salariés en un an. Près d'une centaine de départs volontaires ont été assortis d'une prime, équivalente, selon la CFDT, à 9 à 18 mois de salaire. « La formule a attiré les jeunes. Nous comptions une bonne proportion de 30-35 ans diplômés, avec moins de trois ans d'ancienneté », observe Françoise Le Mest, déléguée CFDT.

L'an dernier, 11 personnes ont, par ailleurs, souscrit au Congé de fin de carrière (CFC). Inspiré par la division recherche Alcatel-CIT, il permet le départ à 53 ans et 9 mois avec 45 % du salaire brut et un forfait supplémentaire de 300 euros mensuels jusqu'à la retraite. Cette année, toujours comme chez CIT, le congé devrait faire place à un départ avec rente. Principale différence : les bénéficiaires sortiront d'Alcatel et allégeront du même coup les effectifs. Faudra-t-il encore supprimer des postes ? La réponse dépendra des repreneurs. « La question de l'enclenchement ou non d'un plan de sauvegarde de l'emploi n'est pas tranchée à ce jour », indique Jean-Christophe Giroux, Pdg d'Alcatel Optronics. Cet éventuel plan s'appliquerait aussi au site de Nozay (Essonne) dont les effectifs doivent passer de 600 à 400, d'ici à la fin de l'année.

A Illkirch, 28 CFC ont été enregistrés en 2002. Ajoutés aux départs négociés, ils ont diminué d'une centaine les effectifs de la division de production, qui compte désormais 595 personnes. Pour préparer l'arrêt du GSM, l'usine a réduit de 84 personnes son équipe de VSD, en début d'année. Elle y est parvenue par des mesures d'accompagnement négociées avec les syndicats : compensation du différentiel de salaire entre travail de semaine et de week-end pour ceux qui acceptaient un reclassement interne, cellule de reclassement et primes d'aide à la création ou à la recherche d'emploi pour les autres. Soit 30 000 à 48 000 euros par départ. « Ce dispositif nous apparaît comme une base de négociation, dans l'hypothèse où l'activité de reconversion finalement choisie nécessiterait de poursuivre la baisse d'effectifs », avance Bruno Fouarge.

Accord de méthode décevant

A Lannion comme à Illkirch, la démarche de reconversion devait reposer en grande partie sur la signature d'un accord de méthode. Mais l'outil, dont Alcatel comptait être l'un des fers de lance, a montré ses limites. A Lannion, même la CFDT, seule signataire, se montre déçue. « L'accord n'apporte pas plus d'informations qu'un CE », juge Françoise Le Mest. Quant aux partenaires sociaux d'Illkirch, pour qui Lannion jouait un rôle d'éclaireur, ils ont gelé sa négociation.

Pistes et mesures

Lannion (Côtes-d'Armor)

Division : Optronics (optique).

Effectifs actuels : 197.

Reconversion envisagée pour fin 2003 : plasturgie et pharmacie.

Mesures sociales : chômage partiel (uniquement en 2002), départs négociés, congé de fin de carrière (CFC), possible PSE.

Illkirch (Bas-Rhin)

Division : ABS (téléphonie).

Effectifs : 595 dans la branche production.

Reconversion envisagée pour fin 2003 : automobile.

Mesures sociales : départs négociés, congé de fin de carrière (CFC), reclassements internes, aide à l'outplacement.