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La métallurgie veut séduire les femmes

SANS | publié le : 04.03.2003 |

A l'initiative de la chambre syndicale de la métallurgie du Rhône, des demandeuses d'emploi sont formées aux métiers de ce secteur, dans la perspective d'être recrutées par les entreprises de la région. La formation est financée par le conseil régional, fortement investi dans la problématique de l'égalité des chances.

Avec le bâtiment ou l'hôtellerie-restauration, la métallurgie fait partie de ces secteurs qui souffrent de façon chronique de pénurie de main-d'oeuvre qualifiée. A la demande de ses adhérents (800 entreprises), la chambre syndicale du Rhône a décidé de bâtir des formations aux métiers les plus recherchés.

Mais, pour augmenter ses chances de trouver des candidats, la chambre syndicale a spécialement ciblé les femmes dans une campagne de communication, même si les promotions étaient mixtes. « Toutes les femmes qui ont posé leur candidature l'ont fait parce qu'on s'adressait spécifiquement à elles », indique Françoise Berger, chargée de mission à la chambre syndicale de la métallurgie du Rhône. Une première promotion a été formée, en 2001-2002, au métier d'ajusteur-monteur. Toutes les femmes ont trouvé, depuis, un emploi.

Deuxième promotion

Depuis octobre 2002, une deuxième promotion (8 femmes, 4 hommes) se forme en alternance au métier de pilote de systèmes automatisés de production. Profil des femmes : 30 à 44 ans, toutes demandeuses d'emploi, avec des formations initiales et des expériences professionnelles sans rapport (sauf une) avec la métallurgie. La formation doit déboucher sur un titre qualifiant de niveau bac pro : le CQPM (Certificat de qualification professionnelle de la métallurgie), que les stagiaires passeront en juin. Ils sont actuellement en entreprise et la découverte du secteur se passe plutôt bien. « Les femmes font preuve d'une très bonne adaptation à cet environnement nouveau. On les sent maintenant rassurées par rapport au poste qu'elles doivent occuper. Mieux : maintenant qu'elles se rendent compte que c'est accessible, elles pensent déjà à progresser pour occuper des postes à responsabilité », observe Patrice Charbonnier, responsable pédagogique à l'Afpi, organisme de formation de la chambre syndicale de la métallurgie.

De la PME à la grande industrie

Les entreprises qui accueillent les stagiaires sont aussi bien des PME que des grandes sociétés, comme Brandt Industries ou Crown Cork. Certaines sont même hors secteur métallurgie (BioMérieux, par exemple), car le métier de pilote de systèmes automatisés de production n'est pas propre à un secteur mais à un process de fabrication.

Stage incitatif

Directeur de Gallay, une PME de 80 personnes qui fabrique de l'emballage industriel à St-Priest, Didier Chambon accueille, actuellement, une stagiaire. Pourquoi une femme ? « Pour donner envie à d'autres salariées, qui travaillent sur des postes moins automatisés, de suivre le même type de formation et d'accéder ainsi à une nouvelle fonction », explique-t-il.

Pour susciter des vocations, il a choisi la seule stagiaire ayant une formation initiale technique. En quinze jours, Nuray, 34 ans, a ainsi eu l'occasion de démonter et de contrôler des outils de 150 kg, sur des presses de 60 tonnes. « Je travaillais avant dans le contrôle qualité et j'ai choisi cette formation pour faire de la production et de la maintenance. Dans mon ancienne entreprise, on me refusait cette formation », raconte- t-elle.

Chaque stagiaire a deux tuteurs, l'un à l'Afpi, l'autre dans l'entreprise. Ils se rencontrent régulièrement pour harmoniser les objectifs de la formation et les spécificités de l'entreprise, et pour faciliter l'intégration des stagiaires. L'organisme est particulièrement vigilant sur l'intégration des femmes : « On explique aux entreprises qu'il ne faut pas cantonner les femmes à certaines missions », indique Patrice Charbonnier. Il faut dire que la formation, financée par le conseil régional Rhône-Alpes, a été bâtie dans l'objectif de recruter les stagiaires sur des emplois durables.

Véritable intégration

« Les femmes ne doivent pas constituer une variable d'ajustement. Nous conditionnons notre participation financière à une véritable intégration dans l'entreprise », insiste Christine Guillemaut, chargée de mission à la Direction de l'emploi et des formations continues de la région Rhône-Alpes. A noter : cette opération de formation fait partie d'une des nombreuses actions menées en faveur des femmes par la région, la seule en France à avoir signé une convention Etat-région pour l'égalité des chances entre les femmes et les hommes.