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Le taux de reclassement des ex-Brandt reste très imprécis

SANS | publié le : 25.02.2003 |

Elco, le repreneur de Brandt, a tenu ses promesses en limitant les licenciements et en assumant financièrement le plan social. Mais la direction reste discrète sur le reclassement des salariés. Et le personnel d'ElcoBrandt craint de nouvelles suppressions de poste.

Le 15 janvier 2002, le tribunal de commerce de Nanterre attribuait à Elco la reprise de Brandt, en dépôt de bilan depuis le 7 septembre 2001 et placé en redressement judiciaire en même temps que sa maison mère Moulinex. Considéré comme le meilleur candidat, l'israélien proposait de conserver 4 128 des 5 300 salariés répartis dans sept usines et remportait ainsi la faveur du personnel.

Une confiance préservée

Un an plus tard, la nouvelle direction fait l'objet d'une confiance relative de la part des salariés. Elco est allé au-delà de ses engagements initiaux en ramenant à 1 055 le nombre de licenciements, contre 1 172 prévus, dont 360 départs en FNE. Faisant au passage quelques mécontents : « Le plan social était fondé sur le volontariat. Or, comme souvent dans ces situations, l'effet guichet a joué à plein et de nombreux candidats se sont portés volontaires, notamment les salariés les plus employables », reconnaît Dominique Laurent, arrivé il y a un an à la tête de la DRH.

Sur le plan financier, le repreneur a également honoré ses promesses. Une enveloppe de 2 millions d'euros a été accordée pour financer des indemnités additionnelles de licenciement, calculées sur la base de l'ancienneté et des indemnités complémentaires à l'allocation spécifique FNE. La répartition entre les différentes usines a été laissée à l'appréciation des sept comités d'entreprise qui ont convenu de privilégier les sites les plus touchés : Lesquin (Nord), avec 520 suppressions d'emploi, et La Roche-sur-Yon (Vendée), avec 200 suppressions. Organisations syndicales et direction déplorent, cependant, des délais administratifs de paiement très longs. « A l'heure actuelle, de nombreux salariés n'ont encore rien perçu », regrette Pascal Viers, délégué syndical CGT.

Résultats inégaux

Les résultats en termes de reclassement des salariés licenciés restent imprécis. Trois cabinets gèrent les antennes-emplois, ouvertes jusqu'au 15 avril : Lee Hecht Harrison et Conseil Plus, pour la seule usine de Lesquin, et Garon Bonvalot pour les autres sites. Pour ceux-ci, la direction revendique 170 adhérents aux antennes-emplois sur un total de 269 licenciements (hors FNE) et un taux de reclassement de 67 % au 31 décembre 2002. « Les situations sont contrastées selon les sites. Je suis un peu déçu sur la Vendée, où beaucoup de salariés refusent les propositions d'emploi des chantiers de construction de navires de plaisance. Certes, il s'agit de CDD ou d'intérim, mais qui, à 95 %, déboucheront sur des CDI. Au total, 83 solu- tions sont identifiées, dont beaucoup de projets personnels », affirme Dominique Laurent, qui n'en dira pas plus sur le contenu exact de ces solutions. « Cela fait plusieurs mois que la commission de suivi du plan social ne s'est pas réunie. Nous ne parvenons pas à obtenir de la direction le détail de ces solutions dites identifiées, qui peuvent aussi bien être du CDI que du CDD, de l'intérim, du projet personnel ou de la formation », reproche Christian Sothier, délégué syndi- cal FO.

A Lesquin, seuls 78 des 173 salariés licenciés ont adhéré à l'antenne-emploi. La moitié d'entre eux bénéficient d'une "solution identifiée", dont 20 % de formations. Par ailleurs, une deuxième vague de licenciements est intervenue fin décembre. Elle concerne 318 salariés qui avaient été maintenus grâce à un contrat de sous-traitance de neuf mois. Leurs espoirs de retour à l'emploi reposent, en partie, sur les efforts de la communauté urbaine de Lille qui cherche à réindustrialiser le site.

Inquiétudes

Restent les incertitudes sur l'avenir. « Plusieurs sites attendent une montée en charge de leur activité, qui ne vient pas, et ils redoutent de nouvelles suppressions d'emploi, comme Lesquin ou Vendôme, explique Didier Pasquier, délégué syndical CFDT. Nous redoutons aussi l'usage qui sera fait des clauses de mobilité introduites dans les nouveaux contrats de travail. »

Lesquin : une réindustrialisation encore incertaine

En septembre, la société IRM, spécialisée dans la fabrication de résidences mobiles, a installé sa quatrième usine sur le site de Lesquin, en partie racheté par la communauté urbaine de Lille. La société s'est engagée à recruter 160 à 185 ex-Brandt, d'ici à juin 2004, en échange d'un loyer symbolique ramené à un euro pendant neuf ans ; 70, au lieu des 110 initialement envisagés pour 2002, ont déjà été embauchés et une autre vague de recrutements est prévue en juin.

« Des discussions sont en cours avec d'autres industriels qui pourraient s'implanter et recruter 70 personnes, précise Pierre de Saintignon, premier adjoint de la mairie de Lille. Nous espérons avoir conclu d'ici à juin. » Date à laquelle s'éteindront les congés de conversion.