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Qua nd l'entreprise remplace le ser vice militaire

SANS | publié le : 18.02.2003 |

Confronté à l'évolution du comportement des jeunes, le groupe Maury a mis en place un nouveau "contrat moral", qui renforce les sanctions mais privilégie la promotion au mérite.

«ous êtes en retard, je vous vire. Vous êtes absent, je vous vire. Vous répliquez au chef, je vous vire. » Bienvenue chez Maury Imprimeur, l'un des plus gros employeurs du canton rural de Malesherbes, au coeur de la Beauce (45). Confronté, il y a trois ans, à une pénurie de main-d'oeuvre non qualifiée, l'imprimeur de L'Express, Paris Match ou Télé Poche, a dû composer avec des jeunes, qui, assurés de retrouver un emploi, se permettaient d'arriver en retard à leur poste, de "sécher" le travail ou de claquer la porte au moindre problème. Pour sortir de cet engrenage et réduire le turn-over, l'entreprise a dû rectifier le tir. En clair et selon Jean-Paul Maury, le patron, se substituer au service militaire : « Remettre les choses au carré ; enseigner à ces jeunes le respect du travail, des ordres, de la formation, de l'habillement! »

Sanctions

«Absentéisme, retard, insultes au chef, non-respect des règles de sécurité... : le moindre outrage à la règle est sanctionné », précise Paul-Henri Martin, le DRH, arrivé dans la société en 1998. Suivant la gravité de la faute, le degré de sanction va du simple entretien avec le contremaître au licenciement pur et simple. Avant d'en arriver là, une convocation chez le DRH peut déboucher sur un avertissement ou une mise à pied de trois jours. A en croire Paul-Henri Martin, « l'efficacité de la mesure est variable. Les trois quarts des jeunes embauchés résidant encore chez papa et maman, ils n'attachent que peu d'importance au manque à gagner de la mise à pied. En revanche, ils reconnaissent leurs torts et sont heureux de voir qu'on les surveille, qu'on les engueule, qu'on s'intéresse à eux ».

D'abord embauchés pour quelques jours, les jeunes sont rappelés pour une durée un peu plus longue, pour finalement terminer en CDI, s'ils respectent leur part du "contrat moral". Que le DRH résume par « si vous allez trop loin, je ne laisserai rien passer. Mais si vous avez vraiment envie de progresser, vous progresserez ».

Sélection drastique

Une sélection drastique : seuls 15 % des jeunes manutentionnaires voient leur CDD se transformer en CDI. Chez Maury, pas d'intérim ni de contrat de qualification : « Contrairement à l'intérim, le CDD permet de suivre vraiment les ouvriers », explique Paul-Henri Martin. Parallèlement à sa mise en place, l'équipe de direction a rajeuni (le DRH a 31 ans, le chef d'atelier et le gérant du personnel de l'usine de Manchecourt, respectivement 33 et 30 ans), tandis que les contremaîtres ont reçu une formation au management pour les impliquer dans la gestion des ressources humaines, leur apprendre à mieux connaître et à dialoguer avec leurs équipes. Par ailleurs, la priorité est donnée à la promotion interne, fondée, non sur l'ancienneté, mais sur le mérite.

Tous les deux ans, en moyenne, un salarié peut gravir un échelon : il faut compter huit ans environ pour doubler son salaire et passer de manutentionnaire à conducteur, la plus haute responsabilité avant celle de contremaître. Des primes de remplacement récompensent ceux qui assurent temporairement un poste de niveau supérieur, tandis que les salariés expérimentés sont encouragés à travailler en binôme avec un débutant pour l'apprentissage d'une machine.

Management participatif

Même combat pour les contremaîtres : sur 10 postes, un seul est occupé par un salarié qualifié. Cette politique mélangeant management participatif, intégration et répression semble porter ses fruits. Le DRH affirme « avoir désormais plus de mal avec les vieux roublards qu'avec les jeunes ». Tandis que le taux de turn-over, qui atteignait les 7 %, n'est plus que de 2 % à 5 %, selon les ateliers.

MAURY SA

Effectifs : 1 600 salariés (dont 1 200 répartis sur les sites de Manchecourt et de Malesherbes, dans le Loiret).

> Part de personnel non qualifié : 70 %.

> Moyenne d'âge de la société : 35,5 ans.