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Adecco Japon aide les malades du boulot

SANS | publié le : 18.02.2003 |

Adecco s'attaque à un phénomène largement tabou au Japon : le karôshi, ou mort par excès de travail. Elle propose un suivi psychologique et veut mieux promouvoir les solutions de mobilité professionnelle.

Au pays du Soleil levant, le spécialiste du travail intérimaire et de l'outplacement Adecco n'a pas froid aux yeux. Il se lance dans un business tabou sur l'archipel : celui du traitement du karôshi. Ka (l'excès), (le travail) et shi (la mort) : chaque année, des milliers de Japonais, en majorité des cols blancs de plus de 40 ans, placés à des postes de responsabilité, succombent de ce surmenage, survenant par accident vasculaire cérébral ou infarctus du myocarde.

2 000 à 3 000 cas par an

D'après le ministère du travail, 42 % des hommes actifs de plus de 40 ans reconnaissent être « surmenés » et « craindre le karôshi ». Le gouvernement encourage, chaque année, les entreprises à mieux traiter leurs salariés en assouplissant leur charge de travail. Mais rien n'y fait. Selon le service de conseils anti-stress du Centre japonais de productivité pour le développement socio-économique, les cas de karôshi (2 000 à 3 000 recensés par an, en moyenne) témoignent de l'impitoyable pression que nombre de patrons maintiennent dans leur société sur les quelques éléments clés responsables du chiffre d'affaires.

Associé, au Japon, à Career staff, Adecco a donc inauguré, en 2002, un service de traitement psychologique du phénomène. Il s'agit d'une méthode d'accompagnement des salariés censée prévenir tout décès pour cause de travail. « Un des symptômes de l'excès de travail est la solitude, explique Tsuyoshi Nakano, l'un des responsables d'Adecco Career staff. Nous travaillons avec des psychologues et des spécialistes du langage, qui savent parfaitement communiquer avec les personnes touchées. » Une hot line téléphonique a été installée et les conversations peuvent déboucher sur des rencontres, sur demande de l'intéressé.

Obligation sociale

D'après Adecco Japon, la question de l'excès de travail est liée à une forme d'"éthique" propre aux entreprises et administrations japonaises. Le soir, un salarié quitte rarement son bureau avant son supérieur hiérarchique. Ensuite, par obligation sociale, il accompagne généralement ses collègues ayant décidé d'aller boire un verre pour décompresser. Mais, au fil du temps, ces attitudes ont un prix pour la santé. D'autant que le Japon n'est guère prodigue en congés payés (17 jours par an). De nombreux actifs japonais, démotivés et fatigués, ne prennent guère en compte leur évolution de carrière, c'est-à-dire la possibilité de pouvoir changer de poste, voire d'entreprise.

Avec ses nouveaux produits, Adecco Japon, qui est aussi un spécialiste de la mobilité professionnelle, espère bien débloquer quelques situations.