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Vivendi Universal met fin à « une belle histoire »

SANS | publié le : 04.02.2003 |

Avec un budget de 4,5 millions d'euros, la Fondation Vivendi était l'une des plus grosses fondations françaises d'entreprise. Depuis sa création, en 1995, elle a permis de créer ou de consolider quelque 20 000 emplois. Un record !

C'est fini ou presque. Dans quelques jours, le 11 février exactement, le conseil d'administration de Vivendi Universal devrait entériner la fermeture de la Fondation. Les 17 salariés seront licenciés (deux sont déjà partis) et devraient bénéficier des mesures de reclassement, décidées dans le cadre du plan de sauvegarde de l'emploi du groupe, notamment de la cellule mobilité.

Il ne s'agit pas vraiment d'une surprise. Leur sort a, en fait, été scellé, le 16 octobre dernier. C'est, en effet, à cette date, que Jean-René Fourtou, le nouvel homme fort de Vivendi Universal, a annoncé, au vu des pertes abyssales du groupe, un plan de restructuration visant directement les collaborateurs de la holding.

Estimations dépassées

L'heure est donc au bilan. L'inventaire comprend 2 050 projets. La Fondation aurait contribué à la création ou à la consolidation de 18 600 emplois. Un satisfecit que ne cachent pas les salariés de la Fondation. Car ce résultat dépasse largement les estimations de départ - 10 000 emplois sur cinq ans et 90 % des projets primés sont toujours sur pied. D'où des regrets : « C'est triste, c'était une belle histoire... », avoue Christine Weill, secrétaire générale de la Fondation. « C'était un beau projet, une belle aventure, renchérit Christian Caye, responsable des opérations. En peu de temps, nous avons touché beaucoup de gens. »

Logique d'image

Retour en arrière. Lorsque Jean-Marie Messier reprend les rênes de la vieille Compagnie générale des eaux, au bord du gouffre, en 1995, il entame une réorganisation de fond et rebaptise le groupe Vivendi. Dans une logique de communication et d'image, l'entreprise cherche à s'acheter une nouvelle conduite et, surtout, à renforcer ses liens avec l'environnement local. C'est à ce moment-là qu'il jette les bases de la Fondation.

Jean-Marie Messier joue, alors, la carte de la proximité en soutenant la création d'emplois de services dans ce domaine, du portage de repas à domicile à l'aide scolaire, en passant par les activités d'insertion et environnementales. La Fondation verse une aide de 5 000 à 23 000 euros par projet, et propose des parrains bénévoles, tous salariés du groupe. Elle a eu, un temps, pour délégué général, Eric Besson, député PS de la Drôme. En 1997, le ministère de l'Emploi et le groupe Vivendi Universal ont signé un "contrat global de solidarité" qui comportait une clause incitant la Fondation à consentir un effort particulier en faveur de l'emploi des jeunes et, notamment, à accompagner la mise en oeuvre du dispositif emploi-jeune. La Fondation a ainsi aidé plus de 400 projets utilisant ce dispositif pour créer plus d'un millier d'emplois-jeunes. En janvier 2001, les champs d'intervention s'élargissent. Elle décide de mettre l'accent sur les nouvelles technologies de l'information et de la communication, afin de réduire la fameuse "fracture numérique".

Toutes les structures pénalisées

Que va devenir ce savoir-faire ? Ici et là, les acteurs de l'insertion restent perplexes. « La Fondation avait une grande influence sur le monde de l'économie solidaire, assure Denis Bondil, gérant de Micro-Orange, une SARL spécialisée dans la collecte et la déconstruction de matériel informatique. La Fondation Vivendi était un déclencheur de projets important. Sa fermeture va pénaliser toutes les structures qui avaient des projets. Elles n'auront plus le soutien du privé. » « Je pense que ce type de fondation a contribué à impulser des projets novateurs, poursuit Eric Pliez, directeur de l'association Aurore, qui intervient dans tous les champs de l'exclusion, à la fois sociale, mentale et médicale. L'équipe était très professionnelle et à l'écoute. Nous déplorons sa disparition. »

Un vide important

Au siège de la Fondation, rue de Wagram, à Paris, l'inquiétude est aussi évidente. Sans la Fondation, quelle sera la pérennité de ces associations et, notamment, des emplois-jeunes ? Elle a fait la preuve de son expertise exceptionnelle dans ce domaine et le montant global des subventions attribuées par la Fondation, 20 millions d'euros, est loin des niveaux records d'investissement des autres fondations.

Sans nul doute, la Fondation Vivendi laissera un vide important. « Chercher du travail, oui, mais pas dans le social, résume, ainsi, l'un des promoteurs de la structure. C'était trop beau, je ne pourrai jamais retrouver l'équivalent ailleurs. »

FONDATION VIVENDI

Budget d'intervention : 4,6 millions d'euros.

Projets aidés : 2 050.

Emplois créés ou consolidés : 18 600.