E & C : Vous avez présenté, le 3 février dernier, lors d'un séminaire européen de recherche, les premières conclusions d'une vaste étude que vous coordonnez, sur "les défis du mainstreaming pour le syndicalisme en Europe", financée par la Commission européenne. Quelle est la place des femmes dans le monde syndicaliste français ?
R. S. : Nous sommes loin de la parité. Il y a, ainsi, un tiers de femmes syndiquées dans notre pays, contre 40 % en moyenne en Europe. Rappelons que 45 % des actifs sont des femmes. Dans le détail : en 2000, la CGT en compte 28 %, la CFDT 42 %, FO (de source syndicale) en est à 45 %, la CFTC à 40 %, et la CGC à 18,5 %. Quant à leur place dans la première instance de décision de ces syndicats, elle chute à environ 22 % en moyenne. Toutefois, quelques avancées : la parité introduite à la direction de la CGT et une progression des femmes élues aux dernières élections prud'homales.
E & C : Quels sont les principaux obstacles à une présence féminine plus importante au sein des syndicats ?
R. S. : Ils ont trait, tout d'abord, à l'histoire des syndicats, à leur implantation et à l'évolution de l'emploi. Si la CGT en compte moins, c'est qu'elle est présente traditionnellement dans l'industrie, secteur peu féminin, contrairement à la CFDT, davantage ancrée dans les services. Egalement défavorable à une féminisation syndicale : le mode de fonctionnement interne du syndicalisme. Un bon militant est, par exemple, disponible 24 heures sur 24 !
E & C : Quelles sont vos préconisations pour inverser cette réalité ?
R. S. : Déjà, en interne, poursuivre une politique volontariste pour accorder plus de place aux femmes dans les instances de direction (quotas, parité ou mixité), et engager une réflexion sur des changements organisationnels, avec la mise en place d'une vraie gestion des ressources syndicales. Reste à appliquer la loi du 9 mai 2001, qui oblige à négocier l'égalité dans les entreprises et permettra que les revendications pour l'égalité soient portées par tous.
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