Le séminaire s'est bien passé. Oh, bien sûr, tout le monde ne dégouline pas d'enthousiasme à l'idée, une fois encore, de revisiter toutes les procédures qui encadrent la politique de service de cette grande banque.

Mais c'est comme ça.

Quand la part de marché commence à stagner, l'histoire montre qu'on n'est souvent pas loin d'une inversion de tendance, le début peut-être d'une dégringolade, d'une glissade infernale vers le désastre des grandes remises en cause tardives et du démontage cruel des organisations.

Debout sur la pointe des pieds, on aperçoit déjà les plans de licenciement et la valse des cessions d'actifs. Il faut agir. Et vite !

Trois journées durant, les plus volontaires et les plus expérimentés des managers de cette grande organisation s'investissent pour casser les croyances d'indestructibilité, mobiliser pour le changement, impliquer tous les niveaux dans la reconfiguration des services et des procédures.

On tire, on pousse, on menace un peu, on encourage beaucoup, on suggère, on formalise. Et on recommence. Et encore une fois.

Et on travaille le soir pour refaire les plans, corriger, améliorer, peaufiner, intégrer toutes les idées.

La brise du changement commence à se lever. On peut croire qu'on va sortir de ce traquenard et reconstruire des perspectives de croissance. Sortir du pot au noir. Reprendre son élan. Sourire à nouveau. Obtenir des résultats. Tirer sous le pied de quelques concurrents le tapis de la part de marché. Vivre.

Ce n'est pas rien.

Trois jours de ce combat, trois longues journées, et chaque soir à compter les nouveaux alliés. A gagner, un par un, tous les acteurs de la nouvelle configuration, et en particulier les plus anciens, les plus nostalgiques des périodes de faste, les rêveurs d'un retour au monopole et au confort douillet des marchés captifs.

On y est. C'est presque la fin. Les plus réticents ne sautillent pas d'enthousiasme, mais l'essentiel est atteint. Les hésitants ont viré de bord. Les récalcitrants sont neutralisés. On a gagné !

Enfin, presque...

Reste à conclure un peu solennellement devant les principaux décideurs, caciques invités à clore les débats et à s'engager pour l'avenir.

C'est le moment de la synthèse. Erreur. C'est le moment de l'hallali ! Les archéos reprennent le pouvoir. Cinq minutes, montre en main, pour pirater les efforts de plus de 60 personnes. Un désastre ! Et une grande leçon...

La porte du changement est souvent coincée de l'intérieur, on le sait. Mais ne pas oublier non plus de se méfier, à bord, des naufrageurs qui préfèrent couler avec leurs souvenirs de gloire qu'affronter la tempête de la réalité !...