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Treize ans de politique d'externalisation

SANS | publié le : 21.01.2003 |

Depuis treize ans, le groupe de travaux publics Colas mène une politique d'externalisation de sa formation. Le Cesi est chargé de gérer les relations avec les prestataires extérieurs.

L' expérience d'externalisation de la formation dans le groupe de travaux publics Colas est l'une des plus anciennes pratiquées en France. Elle répond, notamment, à un besoin d'accompagnement de la croissance du groupe, dont la taille a triplé en dix ans. Au début des années 90, l'entreprise constate qu'elle a du mal à maintenir la qualité des formations internes : les spécialistes maison sont, en effet, de plus en plus demandés sur le terrain et ne peuvent assurer les formations. « D'où l'idée de construire une école sans murs, "Colas Campus", explique Philippe Morvan, responsable formation du groupe, en allant chercher des produits sur le marché, tout en gardant la maîtrise de l'ingénierie, des cahiers des charges et des appels d'offres. »

Etude des besoins

Une étude des besoins de formation de toutes les populations de l'entreprise définit des filières modulaires de formation par métiers et sur trois niveaux : accueil, perfectionnement, développement. Des appels d'offres sont ensuite lancés auprès d'organismes de formation dans les secteurs techniques métiers, généralistes et commerciaux, « afin de définir des domaines d'excellence par organisme, et de construire un catalogue de produits ». 110 modules sont alors mis en place, le salarié y a accès sur validation de son N + 1. Cette sélection représente aujourd'hui 154 modules et 1/3 des heures de formation réalisées chez Colas. C'est une sorte de tronc commun de connaissances pour le groupe, mais les filiales ont la liberté de ne pas choisir ces stages.

Pour que la notion d'école sans murs soit opérationnelle, il était nécessaire de résoudre certaines difficultés. « Si l'on confie son offre à 15 organismes extérieurs, il faut éviter la cacophonie. Pour souder et rendre homogènes les interventions, nous avons fait le choix d'un coordinateur externe », raconte Philippe Morvan.

Convention de deux ans

Parallèlement, donc, au choix des organismes, un appel d'offres spécifique retient le Cesi comme coordinateur. Une convention est signée pour deux ans. Elle a, depuis, été reconduite.

Fondamentalement, le rôle du Cesi est de donner un "air de famille pédagogique" à l'ensemble des 154 formations couvrant tous les domaines (technique, commercial et développement personnel), construites sur mesure et réalisées par les 15 organismes (350 sessions par an). Mais il s'assure aussi du respect des cahiers des charges, réalise des audits légers, pilote la logistique, le planning des formations, réunit les attestations de présence, les factures, les dossiers d'évaluation et vérifie les tarifs. Mais le Cesi n'a pas de responsabilité financière directe, c'est Colas qui règle les factures.

Eviter l'usine à gaz

« Ce système, très novateur, a grandi avec le groupe, en évitant l'usine à gaz, estime Philippe Morvan. Nous ne voulions pas d'un centre de formation interne parce que nous n'avons pas d'activité formation tout au long de l'année, du fait d'une forte saisonnalité des travaux, et parce que notre activité TP est assez nomade et demande de la souplesse. Nous la trouvons dans des séminaires résidentiels réalisables sur tout l'Hexagone. »

Que gagnent les organismes de formation et le Cesi à fonctionner de cette manière pour Colas ? Le Cesi est rémunéré sur la base d'un forfait annuel actualisé sur un indice Syntec. Les 15 sociétés de formation ne sont pas assurées d'un engagement de consommation de la part de Colas, mais, sur les années, l'opération représente un chiffre d'affaires récurrent et non négligeable. De plus, si Colas surveille les prix, il assure ne pas exercer de pression particulière à l'achat.

Minimum de confiance

« Un tel système repose sur un minimum de confiance, qu'il ne faut pas remettre en cause tous les ans, estime Philippe Morvan. Ce n'est pas, pour autant, un "fromage". Nous surveillons l'actualisation des formations, la compréhension de nos publics et de leurs attentes, le rapport qualité/prix, la disponibilité... Nous les associons à notre démarche qualité : approche des prérequis par la mise en place d'un "passeport" qui accompagne la formation avant, pendant et après. De même, nous regardons comment les prestataires intègrent les nouvelles techno- logies, pédagogies et idées... En treize ans, nous comptons une seule défaillance. De plus, être référencé dans le campus Colas peut être une carte de visite non négligeable auprès d'autres clients. »

Ce qui reste en interne

Point fondamental de cette forme d'externalisation : la gestion administrative finale est, ici, contrairement aux autres exemples de ce dossier, conservée en interne. « L'externalisation répond bien aux besoins en pédagogie et en animation du tiers de nos formations, assure Philippe Morvan, mais n'est pas adaptée à la gestion financière et fiscale de la formation pour la multitude d'entités de petite taille qui constituent le groupe. Cette gestion est assurée au niveau des filiales régionales, où elle a tout son sens, permet la prévision et un meilleur management. » C'est aussi Colas qui assure seul sa relation avec son Opca financeur et ses instances régionales, Opca TP et Aref.

COLAS

> Effectifs : 56 000 dans le monde, dont 28 000 en France.

> Activités : travaux publics, routes et infrastructures.

> Chiffre d'affaires : 705 milliards d'euros, en 2001.

> Budget formation : 4 % de la masse salariale.