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Privé d'Espace, Matra automobile s'essouffle

SANS | publié le : 21.01.2003 |

Dans l'usine Matra de Romorantin, un plan social couronne près de deux ans de réduction d'effectifs par départs négociés. La production de l'Espace a été rapatriée à Renault Sandouville, et l'Avantime, qui lui succède, est un échec.

En 2000, les lignes de l'usine Matra, au coeur de Romorantin (41), tournaient à plein, avec 2 600 salariés. Aujourd'hui, ne subsistent que 1 041 personnes dans une usine qui fonctionne au ralenti. Un plan de sauvegarde de l'emploi concerne 383 personnes, dont les lettres de licenciement sont arrivées en décembre 2002. Il s'ajoute aux multiples départs avec transaction qui se sont enchaînés depuis plus de deux ans. Entre ces deux périodes : la fin de la production à Romorantin du Renault Espace, qui a été rapatriée dans l'usine de Sandouville (76).

Leader européen

Le grand monospace, proposé à l'origine par Matra à Renault, a gagné des galons de leader européen de segment. Résultat, on le construit désormais en tôle en Normandie, plutôt qu'en matériaux composites à Romorantin. « La reprise de la production par Renault était connue dès 1996, explique Alain Duval, le DRH de Matra automobile. Il était prévisible que l'entreprise ne retrouverait pas les volumes de l'Espace, soit jusqu'à 300 véhicules par jour. »

« Cette décision n'a pris personne par surprise, confirme Christophe Pessoa, secrétaire du comité central d'entreprise, jusqu'en octobre dernier, représentant du syndicat indépendant affilié à l'Unsa. Le contrat entre Renault et Matra, signé en 1996, prenait fin en 2002. Le problème, c'est qu'on nous a fait valoir qu'ensuite, la charge serait en partie maintenue grâce à la production de l'Avantime et d'un ou deux autres projets plus petits. » La carrière calamiteuse, pour le moment, du nouveau vaisseau Renault a vite annihilé ces espoirs. Ce ne sont pas les 90 véhicules prévus au départ, et encore moins les 150 à 200 imaginés après l'abandon d'un autre projet en commun avec Renault, qui sortent de l'usine de Romoratin chaque jour. Une quinzaine d'Avantime sont vendues quotidiennement. Dans ces conditions, les syndicats craignent un nouveau plan social.

Le député UMP et vice-président du Cher, Patrice Martin-Lalande, évoque même, dans une lettre à Jean-Pierre Raffarin, le risque de « fermeture complète de Matra automobile... » Il réclame au Premier ministre un "plan Marshall" pour reconstruire le tissu économique du bassin d'emploi, qui devrait être mis en oeuvre par l'Etat, le groupe Lagardère et Renault, dont l'Etat possède encore une partie.

Conditions de départ

Pour quelque 1 500 salariés, l'avenir n'est déjà plus dans l'usine. « Dès 1996, les partenaires sociaux et les pouvoirs publics ont été sensibilisés à cette perspective de baisse d'activité, avec des mesures d'adaptation des effectifs », commente Alain Duval. La direction a mis en place un programme de préretraites FNE, puis une politique d'incitation aux départs, avec une indemnité forfaitaire en plus de l'indemnité légale.

Dans le cadre du plan de GPEC, après 2000, les conditions de départ deviennent plus attractives et des préretraites Casa sont proposées. « Des conditions suffisamment incitatives pour limiter la mobilisation et assurer la réduction des effectifs en toute discrétion », affirme Pierre Bertoux, de la CGT. En décembre 2001, Matra Romorantin ne compte plus que 2 100 personnes. Quelques mois plus tard, en juillet 2002, les 450 CDD quittent définitivement les ateliers.

Plan de sauvegarde

L'échec de l'Avantime devient patent mi-2002. Désormais, il y a le feu à l'usine : les incitations au départ sont remplacées par un Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE). Les conditions négociées regroupent un dispositif d'aide au reclassement, et des indemnités à la hausse (lire ci-contre). A tel point qu'une cinquantaine d'ex-salariés, partis plus tôt, attaquent aujourd'hui Matra. Les 383 salariés qui sont entrés dans ce PSE (sur base volontaire) avaient à arbitrer entre ces conditions proposées et la perspective de rester dans une usine en sursis. Le CCE du 17 janvier dernier devait d'ailleurs apporter de nouveaux éléments sur son avenir.

Quoi qu'il en soit, les reclassements seront sans doute difficiles. « Avec les sous-traitants, ce seront 2 000 à 3 000 emplois perdus dans la région, explique Yves Hemeret, de FO, actuel secrétaire du CE. Le marché de l'emploi va être rapidement saturé. » Pour beaucoup, l'avenir pourrait devoir s'écrire loin de Romorantin.

Les dispositions du PSE

Indemnités :

- prime forfaitaire de 45 000 euros ;

- indemnité conventionnelle (convention métallurgie cadres de la région parisienne) : 1/5e de mois par année d'ancienneté pour les 7 premières années et 3/5e au-delà.

Au total, personne ne devrait partir avec moins de 56 000 euros. Beaucoup toucheront entre 60 000 et 75 000 euros.

Reclassement :

- antenne de reclassement pendant 2 ans, reconductible ;

- congés de reclassement de 4 à 9 mois ;

- prise en charge des déplacements, y compris vers l'antenne emploi (étant donné les conditions d'emploi chez Matra, certains salariés venaient d'assez loin) ;

- Casa et pré-Casa (à partir de 53 ans).