Parler de "cadres" vous donne un petit côté ringard, qui devrait inciter à réfléchir avant de parler. Aujourd'hui, on est "manager", "haut potentiel" ou... rien. Entendez qu'avec la précarisation de l'emploi, les rémunérations à la carte et les gestions de carrière assorties à la même mode, le statut de "cadre", justement, n'est plus, à lui seul, un rempart contre les aléas individuels de la guerre économique.

Christophe Falcoz s'adresse d'ailleurs aux cadres, pour leur dessiner le tableau complet des heurs et malheurs de ceux qui comptent - au détriment, souvent, de leur vie personnelle - et de la multitude, toujours plus nombreuse, des pièces interchangeables sur l'échiquier des ressources humaines. Au passage, l'auteur analyse l'impact de l'arrivée des femmes aux postes d'encadrement, la montée de la flexibilité et du travail intérimaire.

Comment l'exception culturelle française, au regard du statut cadre, résiste-t-elle à la déferlante de la rentabilité venue d'outre-Atlantique ? Par ailleurs, l'auteur ouvre le dossier des 35 heures. Quelles que soient, à ce sujet, les différences sectorielles, une chose semble claire partout : la nécessité d'en faire plus en moins de temps.

Christophe Falcoz contribue, enfin, à mieux définir l'importante distinction entre les anciens et les nouveaux cadres, tant au niveau des prérogatives qu'à celui des mentalités.

Un livre qui devrait passionner les intéressés, voire les aider à tirer leur épingle d'un jeu trop souvent négatif pour eux.

Docteur en sciences de gestion, Christophe Falcoz est chercheur associé au Crepa-Université Paris-9 Dauphine et fondateur du cabinet RC Management.