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Sans ses cheminots, le transporteur veut repartir de plus belle

SANS | publié le : 07.01.2003 |

Délesté, depuis sa filialisation, en février 2000, de ses personnels à statut cheminot, le Sernam entame une nouvelle ère devant le conduire, en 2005, à l'équilibre financier. Dans cet objectif, l'ancien service de la SNCF a entièrement refondu son organisation et s'est doté d'une fonction RH.

Louis Gallois, le président de la SNCF, traînait le Sernam comme un boulet. Il faut dire que le Service national des messageries n'a quasiment jamais aligné un exercice bénéficiaire depuis sa création, en 1970. A fin 2002, ses pertes devaient encore frôler les 100 millions d'euros.

« Une entreprise normalement constituée aurait depuis longtemps mis la clé sous la porte », raille un concurrent. Oui, mais voilà, le Sernam n'est pas une entreprise comme les autres.

Une organisation très centralisée

Ce département de l'entreprise publique ferroviaire, spécialisé dans le transport express, présente la particularité d'exercer son activité sur la route. Autre marque de fabrique : les colis sont acheminés par des cheminots ! Enfin, le Sernam se caractérise par une organisation excessivement centralisée, balayant tout esprit d'initiative.

Après des années de tergiversations, Louis Gallois a fini par trancher. En février 2000, le Sernam est filialisé. En clair, une privatisation qui ne dit pas son nom, même si la SNCF reste l'unique actionnaire (le groupe Geodis en possède aussi 15 %).

Pour apaiser la colère des syndicats, un "protocole d'accord social" organise, sur la base du volontariat, le retour des cheminots à la SNCF. Bilan : 2 500 salariés, sur les 4 300 que compte alors l'entreprise, rejoignent la maison mère ; 1 500 partiront en trois mois dès la fin 2000 ! Il en reste à peine 500 aujourd'hui. Pour compenser ces départs, le Sernam est contraint de recruter à la va-vite.

Recours à l'intérim

« Nous avons dû parer au plus pressé en recourant à l'intérim et en embauchant des salariés qui ne disposaient pas forcément des qualifications requises », admet Olivier Chenevez, secrétaire général en charge des ressources humaines.

L'entreprise met parallèlement en place un nouveau plan de transport qui se concrétise par la suppression de 28 sites, dont 15 agences locales. Transformées en centres de profits, celles qui restent sont placées sous la responsabilité de neuf filiales régionales. En outre, les instances européennes sur la concurrence finissent par accepter la recapitalisation du Sernam, à hauteur de 300 millions d'euros, par la SNCF. En contrepartie, Bruxelles exige que l'entreprise de messagerie réduise la voilure.

« Concrètement, en sus des fermetures d'agence et des réductions d'effectifs, nous avons dû opérer un tri de notre portefeuille clients, qui s'est traduit par une diminution de 40 % de nos volumes », explique le secrétaire général du Sernam.

En poste depuis janvier 2001, ce normalien de formation a, aujourd'hui, la délicate mission de contribuer à remettre l'entreprise sur les voies de la rentabilité en 2006. D'où le plan de modernisation lancé cet été, et dévoilé au personnel le 18 octobre dernier, lors d'une grand-messe sur le circuit de F1 de Magny-Cours. Présenté comme celui de la dernière chance, il doit positionner le Sernam comme entreprise nouvelle vis-à-vis des clients et des salariés. « Nos collaborateurs ne veulent plus être les mauvais petits canards de la profession », souligne Olivier Chenevez.

Un nouveau modèle de management

Ce projet, sur lequel 130 personnes ont planché en interne, doit, notamment, favoriser l'émergence d'une nouvelle culture d'entreprise et d'un modèle de management privilégiant la responsabilité individuelle. Pour y arriver, le Sernam vient de se doter d'une véritable fonction RH, incombant à une équipe restreinte du siège social et aux DRH de filiales. « Traditionnellement, la fonction RH a toujours été le point faible de l'entreprise. On ne peut que se féliciter que la direction corrige enfin cette lacune », observe Michel Botrel, délégué syndical central CFDT.

Négociations

Avec les syndicats, plusieurs négociations sont actuellement engagées, portant sur l'ARTT, la prévoyance et l'harmonisation des 25 statuts qui coexistent encore dans la société. « En 2003, nous travaillerons également sur le dossier de la gestion des carrières et des compétences. Déjà, nous mettons progressivement en place l'entretien d'évaluation annuel. Pour nos managers, c'est une mini-révolution. Sur le volet ressources humaines, notre objectif est d'être complètement opérationnels en 2004 », précise Olivier Chenevez. Lequel affirme bénéficier du soutien de l'ensemble des salariés, de l'encadrement jusqu'aux personnels ouvriers. « C'est l'intérêt de tous, car si nous échouons, l'issue sera, cette fois, fatale. »

SERNAM

Activité : messagerie express, logistique et affrètement.

Effectifs : 3 700 salariés répartis dans 60 agences et 15 entrepôts.

Chiffre d'affaires : 573 millions d'euros en 2001.