Devant les allergies et les lombalgies, les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont, en Europe, les maladies professionnelles les plus répandues, aussi bien en termes de déclarations que de demandes de reconnaissance. Les maladies psychosociales (névroses, dépressions, syndromes de stress post-traumatiques, etc.) font, elles, une entrée en force en Suède, au Danemark et aux Pays-Bas. Dans ce dernier pays, ces pathologies se classent, en 2000, au second rang des demandes de reconnaissance de maladies professionnelles.

Quant aux maladies liées à l'amiante, elles sont en augmentation dans la plupart des pays européens, mais commencent à fléchir en Finlande et en Italie. Tels sont les principaux enseignements de l'enquête que vient de consacrer l'organisme de Sécurité sociale Eurogip aux maladies professionnelles dans 15 pays européens* entre 1990 et 2000. Entre ces deux dates, la France a vu le nombre de déclarations de maladies professionnelles quadrupler, constate Eurogip. A l'exception de l'Allemagne, de l'Espagne, de la France et du Danemark, le nombre de nouveaux cas reconnus a, quant à lui, baissé. En 1999, seules la Suisse, la France et la Suède ont reconnu plus d'une maladie déclarée sur deux.

En dehors du Luxembourg, de l'Autriche et de l'Espagne, l'ensemble des pays étudiés mentionnent que des réformes sont intervenues afin d'améliorer les conditions de reconnaissance et de réparation des maladies professionnelles. Dans plus d'un pays sur deux, la question des pathologies dorsales et lombaires a ainsi été évoquée, selon des degrés divers d'avancement : la France et le Danemark les ont prises en compte, sous certaines conditions, dans leur liste de maladies professionnelles ; la Belgique y réfléchit et l'Allemagne réalise une enquête sur le sujet. De plus, alors que les pathologies liées aux risques psychosociaux progressent, seule la Finlande a mis en place une commission pour réfléchir à leur introduction dans sa liste des maladies professionnelles.

Parallèlement à cette enquête, Eurogip a également dressé un état des lieux sur les cancers professionnels. Avec les cancers cutanés, ceux liés à l'amiante représentent une part importante des cancers reconnus comme professionnels. Ils sont ainsi reconnus maladies liées au travail dans 83 % des cas en France, en 2000. Enfin, l'étude d'Eurogip met en avant l'ampleur du phénomène de sous-déclaration des maladies professionnelles. Selon une étude réalisée au Danemark, ce taux de sous-déclaration atteindrait 50 % pour les cancers liés à l'amiante et aux poussières de bois.