«Nous sommes arrivés en Pologne avec deux malles de matériels, ordinateurs, instruments de technologie, ainsi que des dizaines de passeports russes, pakistanais et asiatiques pour habituer nos élèves polonais à visualiser les passeports du monde entier », explique Philippe Duplan, commandant de police à l'Office central pour la répression de l'immigration irrégulière. Il vient d'animer une formation de policiers dans la petite ville de Ketrzyn, au nord de la Pologne.

Dans le cadre de ce programme européen - dans une école de gardes-frontières -, 14 stagiaires et un formateur polonais ont suivi, pendant une semaine, les "cours" de Philippe Duplan et de Thierry Legoas, pour sa part spécialiste en fraudes de documents, passeports et visas. Plus de 600 fonctionnaires français sont responsables de formation des policiers et douaniers polonais pour la surveillance des frontières de leur pays. Ils participent à 25 opérations de formation par an.

Pour les formateurs français - mais, à côté d'eux, il y a aussi des Allemands, des Britanniques et des Suédois -, il s'agit d'apprendre aux Polonais à contrôler cette frontière orientale (1 200 km en pleine forêt), qui, le 1er mai 2004, va devenir la plus longue frontière extérieure de l'UE. « La situation est inédite dans la construction de l'Union et la frontière est très difficile à protéger, avec, de l'autre côté, trois pays inscrits sur la liste noire de Shengen, la Russie, l'Ukraine et la Biélorussie », souligne Patrick-Charles Darras, délégué de coopération technique internationale en Pologne pour la Justice et les Affaires intérieures.

« La base de notre formation est de montrer aux Polonais que les filières criminelles sont intelligentes et réactives, dit Philippe Duplan. Nous donnons des exemples de ce qui se réalise dans d'autres pays. »

De 1997 à 2001, l'UE a engagé plusieurs centaines de millions d'euros en matériel et en formation pour moderniser cette frontière orientale. Le contenu des programmes est préparé avec beaucoup de soin : « Nous identifions d'abord les besoins et, surtout, les besoins de haute technicité ! », précise Patrick-Charles Darras.

Le "suivi" des stages fait, lui aussi, l'objet de toutes les attentions : « Il y a les relations directes, les échanges de renseignements, le recours aux banques de données européennes, etc. Les stagiaires peuvent également venir se former dans nos unités, bien sûr, souligne Philippe Duplan. Les gardes-frontières polonais veulent être dignes de la confiance que l'Union européenne va mettre en eux ! Cela se sent ! » Dans la salle où se déroulait le stage, un drapeau européen était déployé sur le mur.