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Une lutte au long cours

SANS | publié le : 10.12.2002 |

Le 13 mars dernier, la société d'intérim Adecco a signé un accord avec des services de l'Etat pour lutter contre les discriminations raciales. Mais cette démarche avait commencé dés l'année 2000.

La réalité de la discrimination raciale à l'embauche ne fait aucun doute pour nos interlocuteurs », observait, en juillet 2000, une étude interne à Adecco/Adia, menée par le cabinet Copas auprès des salariés permanents de l'entreprise de travail temporaire. « Le plus souvent, la demande est implicite et orale : "Vous voyez bien ce que je veux dire..." », poursuivait l'étude. Face à cela, « les permanents "glissent" sur la demande ou, plus rarement, proposent à l'entreprise d'expliciter sa demande. Ou luttent en s'engageant sur la qualité de l'intérimaire ». Et l'étude de conclure : « Toutefois, l'organisation en pôles autonomes des agences du groupe Adecco, l'absence de dialogue, d'information, voire de formation, au sein du groupe, induit un fort sentiment de stress du personnel en agence face à la discrimination. »

Plan d'action

Un plan d'action se dessine en janvier 2001, qui mènera à l'accord de mars 2002 avec les services spécialisés de l'Etat. Les enseignements de l'étude sont communiqués aux salariés via le journal interne. Philippe Marcel, patron d'Adecco, ainsi que les services RH et juridiques, font passer le message très clair que la discrimination raciale est une faute grave. Le responsable du pôle de lutte contre les discriminations chez Adecco organise alors des rencontres avec les agences autour d'une cassette pédagogique du Fasild (Fonds d'action et de soutien pour l'intégration et la lutte contre les discriminations).

Formation de sensibilisation

Une première formation de sensibilisation est lancée auprès de la hiérarchie et de l'encadrement intermédiaire de dix directions régionales : comment reconnaître la discrimination, en quoi est-elle un acte délictueux, en quoi est-elle incompatible avec une activité économique saine, comment lutter contre les préjugés et les représentations ?...

Puis, la loi du 16 novembre 2001 a donné l'occasion d'envoyer un courrier aux 200 plus grands comptes travaillant avec Adecco. L'inscription dans le programme européen "Equal Latitude" a permis de renforcer le travail de formation et de sensibilisation auprès des 1 000 agences Adecco et des 450 agences Adia, avec l'aide de l'Institut du mécénat de solidarité-Entreprendre pour la cité (un club de plus de 80 grandes entreprises).

L'accord signé entre Adecco, le Fasild et la DPM (Direction des populations et des migrations), en mars dernier, intervient alors. Il prévoit de « créer les conditions d'une réflexion et d'une veille permanente, afin de développer un socle commun de référence et de comprendre les mécanismes à l'oeuvre dans les phénomènes discriminatoires sur le marché du travail » ; « former les personnes devant faire face à des situations de discrimination » ; « conduire des actions de sensibilisation, d'accompagnement et de négociation en direction de l'environnement d'Adecco, afin que la branche du travail temporaire et les entreprises utilisatrices puissent utiliser l'expérience d'Adecco sur ce sujet ou s'y référer ».

Cycle de conférences

De nouvelles formations devraient intervenir prochainement auprès de l'encadrement intermédiaire et des responsables d'agence. Un cycle national de conférences portant sur toutes les formes de discrimination a démarré le 6 novembre dernier, à Lyon, et une trentaine d'entreprises y ont participé.

Ce mois de décembre, un séminaire transnational (en partenariat avec le Danemark et le Portugal) réunira des sociétés de travail temporaire, des entreprises et des intermédiaires publics intervenant sur le marché de l'emploi. Un site Internet d'échange sur les discriminations à l'embauche a également été créé. Il sera progressivement ouvert aux entreprises, aux autres ETT, puis au public.

Effets de la formation

Peut-on mesurer les effets de ces opérations de formation et de sensibilisation ? Les permanents sont mieux outillés et bénéficient d'un message clair de la part de l'entreprise : ils peuvent donc mieux lutter contre le phénomène. Les demandes discriminantes deviennent moins frontales et plus subtiles : certaines entreprises acceptent de recevoir tous les dossiers proposés par l'ETT, mais, au final, ne gardent que les CV dont le nom du candidat est à "consonance française". Ce type de pratique n'est pas près d'être éradiqué.