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« Plutôt le dialogue que les contraintes juridiques »

SANS | publié le : 10.12.2002 |

E & C : Comment appréhendez-vous le problème de la discrimination raciale à l'embauche ?

N. M. : Cette question préoccupe le président de la République et le gouvernement. Le 14 octobre dernier, le chef de l'Etat a fortement exprimé sa volonté de créer une autorité indépendante, afin de lutter contre tous les types de discriminations. Il faut, notamment, veiller à gommer la double discrimination dont peuvent être victimes les femmes issues de l'immigration. Car la discrimination est un phénomène qui touche davantage les personnes les moins qualifiées, et ce sont souvent des femmes. Il m'importe donc que la place des filles et des femmes soit comparable à celle des jeunes gens et des hommes de leur génération. L'origine sociale ou culturelle ne doit pas être un frein supplémentaire à l'épanouissement des individus dans notre société.

E & C : Paradoxalement, il y a peu de cadres issus de l'immigration ou originaires des Dom-Tom en France, mais souvent, ceux qui le sont assurent qu'ils n'ont pas ressenti de discrimination. Pensez-vous alors qu'elle est d'abord un phénomène lié à l'échec ou à la réussite scolaire ?

N. M. : Il n'existe pas de statistiques nationales, dans la mesure où le critère de l'origine n'est pas pris en compte. Néanmoins, certaines études, comme celles menées par le Credoc, vont plutôt dans ce sens. La réussite scolaire est, de fait, un enjeu de l'égalité.

E & C : Quelles actions comptez-vous mener sur cette question auprès de l'opinion publique, auprès des employeurs ? Etes-vous favorable au principe de "discrimination positive" ?

N. M. : Des dispositifs législatifs existent. Je ne souhaite pas les alourdir, dans la mesure où je crois davantage aux vertus du dialogue et à la force de l'exemple qu'aux contraintes juridiques. Je ne suis pas favorable à des mesures de "discrimination positive" à l'égard des femmes issues de l'immigration, car la richesse de notre République réside dans son caractère unique, qui exclut toute forme de communautarisme.

L'équilibre de notre nation tient au principe d'égalité sur lequel il repose. Et cette égalité serait mise à mal par l'acceptation de traitements différenciés selon l'origine. La société que je défends est celle de la tolérance et du respect de l'autre dans ses différences. Dans notre République en partage, chaque individu représente un atout pour la France créatrice et une chance pour la démocratie paritaire.