logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

Les vertus d'une démarche pro-active

SANS | publié le : 10.12.2002 |

Eiffage construction, société de gros oeuvre en bâtiment, lance une étude sur les freins à l'embauche et à l'intégration des jeunes, notamment ceux issus de l'immigration. Une démarche rarissime, de l'avis du Credoc qui va mener la recherche.

Lutter contre les discriminations raciales peut prendre la forme d'une démarche particulièrement pro-active, visant à comprendre pourquoi les jeunes, et notamment ceux issus de l'immigration, ne sont pas attirés par certains métiers. C'est la stratégie choisie par la société de gros oeuvre en bâtiment Eiffage Construction, qui emploie 18 000 salariés dont 12 000 ouvriers, dans 200 filiales en France.

Recrutement "familial"

Traditionnellement, ce secteur d'activité emploie beaucoup de personnes issues de l'immigration. C'est même une filière de recrutement "familial", où les pères propulsent les fils. Cela, pourtant, est en train de changer. « Nous avons des problèmes pour embaucher et garder des jeunes et, notamment, des jeunes dont les parents sont issus de l'immigration, constate Catherine Giner, en charge de la question chez Eiffage construction. Les jeunes recrues ont du mal à s'intégrer. On pourrait penser qu'elles sont mal formées. Mais ce n'est pas forcément le cas. Elles sont parfois bien formées, mais mal intégrées, et quittent l'entreprise. »

Remise en question

Eiffage construction ne nie pas les problèmes liés à la pénibilité du travail ou au niveau de salaire. Mais le grand mérite de cette entreprise est de s'être aussi mise en question. « Notre système de professionnalisation n'est peut-être plus adéquat, s'interroge Catherine Giner. Nous devons repenser nos méthodes, nos messages et notre approche de nos partenaires de l'Education nationale. »

Cette question de l'intégration à long terme de jeunes est primordiale pour l'entreprise. La moyenne d'âge de ses salariés est, aujourd'hui, de 45 ans. Les problèmes de la pyramide des âges, de la transmission des savoir-faire et des compétences se posent fortement.

L'entreprise a donc décidé de lancer une étude et a sélectionné, pour ce faire, en avril dernier, le Credoc (Centre de recherche pour l'étude des conditions de vie), avec pour mission de faire un état des lieux et de préconiser des solutions.

Entretiens

Dans neuf filiales de l'entreprise, des entretiens d'une durée de deux à trois heures vont être menés auprès de la direction, puis auprès de groupes de jeunes. Des entretiens individuels suivront auprès de jeunes encore dans l'entreprise et auprès de ceux l'ayant quittée. Des analyses supplémentaires seront également menées auprès d'institutions travaillant avec Eiffage construction : ANPE, PAIO, missions locales, lycées professionnels...

« Nous espérons trouver ce qui peut être particulièrement discriminant pour ces jeunes. On peut aussi penser que les enseignements de cette étude seront utiles à d'autres entreprises, dans d'autres secteurs », conclut Catherine Giner.