E & C : Quel regard portez-vous sur l'évolution de la fonction RH dans les collectivités locales ?

C. B. : A l'évidence, nous assistons à un glissement d'une logique d'administration du personnel vers celle de GRH. C'est un fait relativement nouveau qui s'explique, en premier lieu, par une professionnalisation de la fonction. Il n'est plus rare de voir des jeunes, titulaires de DESS avec une spécialisation RH, postuler dans la fonction publique territoriale.

Autre explication : à l'instar des entreprises du secteur privé, les collectivités locales sont de plus en plus attentives à la maîtrise des coûts. Dans cet objectif, les élus demandent aux DRH d'assurer des prestations de meilleure qualité sans que ces dernières pèsent sur le budget.

Pour les DRH, tout l'enjeu consiste donc à trouver la meilleure adéquation entre les besoins et les ressources disponibles. Ce qui, bien entendu, les contraint à mettre en place des actions de GRH. La perspective des départs massifs, le vieillissement des agents, la difficulté pour attirer les meilleurs candidats poussent aussi les DRH à se pencher sur le développement des compétences, la rémunération, la mobilité ou encore la formation. Enfin, les collectivités locales n'échapperont pas à une réflexion de fond sur l'externalisation, un travail que le secteur privé a déjà mené. Les DRH auront, là, un rôle déterminant à jouer.

E & C : Par rapport au secteur privé, les différences sont-elles encore si importantes ?

C. B. : Globalement, il y a encore un écart important entre les pratiques RH du privé et celles en vigueur dans les collectivités locales. Cela dit, il tend à se résorber.

Par exemple, on a coutume de souligner, à juste titre d'ailleurs, le déficit managérial de la fonction publique territoriale. C'est de moins en moins vrai, notamment parce qu'une nouvelle génération de managers arrive. Ces responsables seront des alliés précieux pour les DRH. Dans les prochaines années, il y aura une transformation radicale des politiques managériales. Enfin, avec le second volet de la décentralisation, les DRH auront des missions nettement plus stratégiques.