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Le Plan préconise une immigration sélective

SANS | publié le : 26.11.2002 |

Un rapport du Commissariat général du Plan se prononce en faveur d'une immigration sélective ciblant des candidats hautement qualifiés, afin de répondre aux difficultés de recrutement des employeurs.

Jusqu'ici, le mot était tabou. L'immigration sélective, pratiquée en fonction des besoins de l'économie, n'existait quasiment pas en France. Aucune indication n'avait été formulée explicitement en ce sens par les gouvernements successifs.

Seule une circulaire très discrète, du 16 janvier 2002, permet, pour le moment, d'admettre sur le territoire un travailleur migrant en tenant compte de ses qualifications (haut niveau d'études, spécialisation particulièrement recherchée, cursus professionnel à l'étranger). Un assouplissement prévu en fait pour venir en aide à certaines entreprises confrontées à une pénurie de main-d'oeuvre, en 2000-2001, notamment dans les secteurs high-tech ; 4 000 informaticiens ont ainsi été recrutés par ce biais, cette année, contre 1 600 l'année dernière. Mais cette disposition est dérogatoire et jugée beaucoup trop « discrète » par le Commissariat général du Plan, qui a rendu public, le 19 novembre dernier, un rapport intitulé Immigration, marché du travail et intégration. Son auteur, François Héran, directeur de l'Ined (Institut national d'études démographi- ques), recommande davantage de publicité pour ce dispositif qui manque encore « d'efficacité ».

Selon les besoins de l'économie

S'appuyant sur des exemples étrangers, le Plan se prononce, ainsi, en faveur d'une immigration sélective, en fonction des besoins de l'économie, et, surtout, en ciblant des candidats « hautement qualifiés, en particulier dans la recherche scientifique et la technologie de pointe ».

Les exemples à suivre ? Le Canada, notamment, a joué les précurseurs, en lançant, dans les années 60, un système d'immigration "à points". Le candidat à l'entrée doit répondre à six critères : durée des études, maîtrise de la langue (anglais ou français), expérience professionnelle, âge, emploi sur place, parenté sur place. Les premiers critères pesant plus lourd que les autres. Un doctorat vaut, par exemple, 25 points, un diplôme de premier cycle, 20 points, un simple diplôme d'études secondaires, seulement 5 points... En définitive, l'admission est possible si le candidat obtient un score de 70 points sur 100.

Aux Etats-Unis, les visas scientifiques de type H-1B facilitent l'admission des intéressés sur le territoire. Résultat ? Les titulaires américains de prix Nobel comprennent entre un quart et un tiers d'immigrés, selon les disciplines.

Green card allemande

Sur le même principe, l'Allemagne a lancé, en 2000, l'idée de la Green card, permis de travail permanent, pour recruter des informaticiens hors de l'Union européenne. En août 2001, ce sont, ainsi, 8 000 informaticiens (essentiellement indiens et slaves), qui ont fait leur entrée dans les entreprises allemandes, et 12 500 cette année.

La France va-t-elle s'inspirer de ces expériences ? Pour les auteurs du rapport, le constat est clair : la France va manquer de personnel hautement qualifié (informaticiens, formateurs ou cadres de banques...) et l'immigration sélective peut répondre aux difficultés de recrutement des employeurs.

En revanche, elle n'est pas une solution au vieillissement de la population. Loin de toutes les prévisions alarmistes, la démographie française se maintient à un niveau proche du seuil suffisant pour assurer le renouvellement des générations, indique le rapport.

Pas de développement massif

De tous les pays d'Europe, l'Hexagone est celui qui pourrait presque voir venir le plus sereinement le départ à la retraite des baby-boomers en 2005-2006. « Aucune raison d'ordre démographique ne justifie que l'on encourage le développement massif de l'immigration en France dans les décennies à venir. » A condition de relever légèrement son seuil de migration : il faudrait, ainsi, accueillir quelque 20 000 migrants supplémentaires par an, qui viendraient s'ajouter aux 100 000 étrangers qui entrent, chaque année, depuis une dizaine d'années, sur le marché du travail.

Les immigrés, qui représentent 8,6 % de la population active, sont concentrés au bas de l'échelle sociale et les deux tiers sont employés dans la construction ou l'industrie. Mais si plusieurs secteurs - travaux publics et services non qualifiés aux personnes (agents d'entretien, agents hospitaliers...) - ne pourraient se passer d'un afflux de travailleurs immigrés, le rapport met l'accent sur la plus grande vulnérabilité de ces salariés face à l'emploi. Leur taux de chômage est, de fait, deux fois plus élevé que pour le reste de la population.