logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

« Gare aux stratégies qui ne respecteraient pas le social »

SANS | publié le : 26.11.2002 |

E &C : L'ouverture à la concurrence doit-elle entraîner un changement de statut des salariés des entreprises publiques ?

P.-E. T. : Traditionnellement, un fonctionnaire est recruté lors d'un concours national, qui lui permet d'accéder à un grade et d'occuper des emplois variés. Ce système n'a pas été construit pour gérer des activités marchandes. Or, les entreprises publiques doivent, aujourd'hui, améliorer leur compétitivité pour résister aux nouveaux entrants sur le marché. Avec l'ouverture du marché, en 1996, France-Télécom l'a bien compris et a opté pour une nouvelle politique RH, en passant, depuis "la reclassification", en 1993, d'une logique de grade à une logique de fonction. Les cas d'EDF et de GDF sont différents. Leurs difficultés tiennent autant à des traditions culturelles qu'au statut du personnel, qui leur permet plus aisément d'adopter des principes de gestion incluant des objectifs commerciaux et de performance individuelle.

E &C : Assiste-t-on à un nouveau mode de management, une troisième voie entre public et privé ?

P.-E. T. : Le mode de gestion des entreprises publiques est devenu, en partie, obsolète, dans la mesure où il correspondait à des situations de monopole. Un autre modèle est nécessaire, adapté aux contraintes commerciales. Les années 90-95 ont été marquées par le triomphe de l'idéologie libérale selon laquelle il fallait basculer du tout public au tout privé. Aujourd'hui, on observe des phénomènes d'hybridation ou de co-existence entre ces deux types de modèles. Cette situation pose la question du sens de l'action, et de ses critères.

P.-E. T. : Les syndicats sont-ils un obstacle à la modernisation ?

La résistance au plan Juppé de 1995 et le mouvement social qui en a résulté conduisent, depuis, les directions à des stratégies plus prudentes. Désormais, elles cherchent à négocier avec les syndicats pour conduire leur modernisation. Les accords 35 heures sont révélateurs de cette nouvelle tendance. En contrepartie d'une flexibilité du travail renforcée, les accords signés, dans la plupart des cas, avec l'ensemble des partenaires sociaux (dont la CGT comme à EDF et GDF, La Poste...), ont apporté des compensations aux salariés et permettent, ainsi, de mieux faire accepter la transformation du travail. Le spectre des grandes grèves de 1995 s'est un peu éloigné, mais gare aux stratégies de rouleau compresseur qui ne respecteraient pas le social...

(1) Il est conseiller scientifique d'Entreprise & Personnel, et a dirigé Du monopole au marché : les stratégies de modernisation des entreprises publiques (2002).

Articles les plus lus