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Un transfert très progressif

SANS | publié le : 19.11.2002 |

Prévu en 1972, le déménagement de Météo-France à Toulouse n'est toujours pas achevé ! Malgré un dispositif complet d'accompagnement à la mobilité, les résistances des salariés restent fortes.

«Bonne chance Toulouse ! » Le 10 septembre 1991, André Gardaix, chef prévisionniste à Paris, passe le relais à Blandine Belin, en poste à Toulouse. « Il fallait qu'à l'instant T, sans aucune interruption de service, les télécommunications, le calcul central et la prévision basculent de Paris à Toulouse, et cela dans le cadre d'une opération reposant sur le volontariat des agents, alors qu'il fallait transférer 385 emplois », se souvient Jean-Pierre Beysson, président-directeur général de Météo-France.

Résistances importantes

Après cent trente-sept années passées dans le fort insalubre de Saint-Cyr-l'Ecole (78), le service central d'exploitation de la météorologie, "le coeur de Météo-France", s'installe enfin à Toulouse. Il y rejoint l'Ecole nationale de la météorologie et une partie du service de recherche, qui avaient fait l'objet d'une première délocalisation, en 1982. A cette époque, 192 volontaires avaient choisi de "descendre" à Toulouse.

Malgré la construction de la Météopole, sur un terrain de 50 hectares offert par la ville, la deuxième vague de "délocalisés" se fait attendre. « La météorologie nationale n'aurait pas vu trop d'inconvénients à ce qu'on limite l'opération de délocalisation à la première phase. L'opération aurait pu s'enliser, si le maire de l'époque, Dominique Baudis, n'avait pas démultiplié les efforts pour rappeler au gouvernement ses engagements », commente Jean-Pierre Beysson. Les résistances de l'ensemble du personnel sont importantes. L'un des dirigeants de l'époque s'élève même contre « cette déportation » !

Deux équipes

Pour réussir l'opération, la "mission Toulouse" est confiée à Jean-Michel Wermelinger, chargé de communication à Météo-France, à la tête de deux équipes de 4 et 5 personnes. La première, à Paris, gère les questions indemnitaires, les prêts proposés aux agents, etc. L'autre, à Toulouse, traite des aspects liés à l'arrivée... « 70 % des 385 agents concernés se disaient prêts à venir à Toulouse, mais, pour beaucoup d'entre eux, il s'agissait d'un oui très mitigé. Restait à leur donner envie de venir », raconte-t-il.

Dans un premier temps, il inonde le siège parisien de prospectus touristiques sur la région Midi-Pyrénées et sur la ville de Toulouse. Il joue sur la qualité de vie. « Nous avions regroupé autour de nous de nombreux partenaires, le rectorat, la préfecture, les administrations, les HLM... Chacun nous aidant le mieux qu'il pouvait, parfois à la limite de la légalité. Les HLM avaient, ainsi, donné la priorité à 200 agents Météo, ce qui nous a, par la suite, été reproché », déclare Jean-Michel Wermelinger. La ville de Toulouse a même construit une crèche dans le quartier de la Météopole, réservée, du moins au début, aux agents météo. De son côté, Météo-France met en oeuvre un dispositif complet d'accompagnement de la mobilité (lire encadré ci-dessus).

Un transfert inachevé

Le bilan final est mitigé : 69 % des agents « suivent leur emploi », dont 6 % ont ensuite demandé à revenir en région parisienne. Les autres ont préféré jouer la carte du changement de métier, pour rester à Paris. Et, alors qu'il était convenu, en 1972, que Météo-France soit entièrement délocalisée à Toulouse, le transfert n'est, aujourd'hui, pas achevé ; 2004 devrait, ainsi, voir la création d'un centre de prévisions des crues, avec l'arrivée de 30 personnes, et 2006 l'ouverture du centre opérationnel d'océanographie, qui comprendra 30 à 50 chercheurs. Quant à la direction, elle reste à Paris.

Le dispositif d'accompagnement

Création d'un journal mensuel, Météo France Toulouse 91, dont le premier numéro paraît en février 1990. Il présente la Météopole et laisse la plume à des délocalisés de la première heure, qui décrivent leur expérience. Chaque numéro aborde un thème différent : scolarité, logement, emploi... et donne la liste de toutes les pistes et de tous les contacts utiles.

Organisation, à Paris, de rencontres avec les partenaires. Par exemple, pour la journée logement, le directeur de l'association des HLM et le président de la Fédération nationale des promoteurs ont rencontré les agents pour présenter la réalité toulousaine en matière de logement, et ont étudié les problèmes de chacun au cas par cas.

Chaque ménage concerné par le transfert bénéficie de deux voyages à Toulouse : un, de reconnaissance de trois jours, et un autre, de préinstallation, de trois jours également, dont tous les frais sont à la charge de Météo-France.

Création d'une commission "emploi pour les conjoints". Elle a permis de satisfaire 36 demandes sur 39 dans le public et 51 sur 59 dans le privé.

Possibilité pour les agents de demander un retour à Paris dans un délai d'un an, sans avoir à rembourser les sommes perçues.

REPERES

- 1972 : décision de délocaliser Météo-France à Toulouse.

- 1982 : transfert de l'Ecole nationale de la météorologie et d'une partie du centre de recherche (192 agents).

- 1991 : arrivée du service central d'exploitation et du reste de la recherche (385 personnes).

- 2004 : ouverture d'un centre de prévisions des crues de 30 personnes.

- 2006 : installation du centre opérationnel d'océanographie (30 à 50 chercheurs).