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L'intérim fait fructifier son expérience des RH

SANS | publié le : 19.11.2002 |

Les sociétés de travail temporaire grignotent des parts de marché dans le secteur du conseil RH. Elles diversifient, aujourd'hui, leurs services en proposant une offre globale - recrutement, formation, outplacement... - à leurs clients.

De l'intérim au recrutement, en passant par l'outplacement, le coaching, la gestion de la paie ou encore la formation... les sociétés de travail temporaire, jusqu'ici concentrées sur l'intérim, élargissent, aujourd'hui, leur champ de compétences. Preuve de cette toute nouvelle diversification ? Randstad a lancé, en octobre dernier, Randstad recrutement et services, un cabinet de recrutement qui souhaite proposer, non pas une mission globale de recrutement, mais des prestations à la carte, en fonction du besoin du client : présélection de candidatures à la suite d'une annonce, définition de poste, évaluation des collaborateurs permanents, des candidats...

VédiorBis vient, de son côté, d'annoncer l'ouverture d'Advancers Executive, un cabinet de recrutement spécialisé sur le créneau du middle management, et compte prendre, très prochainement, une participation dans le capital d'une société de portage salarial (encore inconnue), un secteur « à surveiller et à fort potentiel de compétences disponibles », selon Frédéric Tiberghien, président de VédiorBis... A terme, ces deux activités pourraient représenter entre 5 % et 10 % de l'activité du groupe. Une prestation en formation pourrait également voir le jour l'année prochaine.

Résultat en demi-teinte

Lubie ou tendance de fond ? Cette diversification n'est pas sans rapport avec la chute de l'emploi intérimaire, qui a accusé un recul de 3,2 % en septembre par rapport à août dernier. Toutefois, malgré des résultats en demi-teinte, les professionnels continuent à afficher une belle assurance sur le développement du travail temporaire, véritable variable d'ajus- tement de la demande. Sur un an, ce secteur a même connu une hausse de 7,1 % de son activité. Mais celle-ci, totalement cyclique et sensible aux retournements de conjoncture, incite à la prudence. Pour éviter les effets de yo-yo sur les comptes d'exploitation, les professionnels cherchent à se prémunir contre les aléas en lançant des activités plus stables, une stratégie qui pourrait se révéler payante à moyen et long termes.

« De plus en plus, nous avons des demandes additionnelles à l'intérim de la part de nos clients internationaux », observe Marc Riou, directeur général de Kelly Services, qui propose, via Compétences RH, plusieurs types d'offres, notamment le recrutement et des services de gestion des ressources humaines. « C'est un moyen de consolider nos relations avec les grands comptes. »

De solides atouts

De fait, les professionnels de l'intérim disposent de solides atouts pour percer le secteur du conseil. En premier lieu, leur savoir-faire en matière RH, que les entreprises peuvent facilement démultiplier à un autre type de public (salariés d'entreprises, chômeurs...). Que ce soit en matière de recrutement, de formation, d'évaluation ou encore de coaching, elles ont su faire évoluer leurs pratiques et disposent de toute une gamme d'outils pour assurer un pilotage de carrière des intérimaires. Leur expertise couvre, également, le conseil en sécurité, le conseil juridique et, plus récemment, la validation des acquis.

En second lieu, leur impressionnant carnet d'adresses s'avère très utile. VédiorBis compte déjà plus de 80 000 clients, tandis que Adecco en recense 250 000. « L'intérêt, explique-t-on, ainsi, chez Adecco, est qu'un client peut être concerné par une activité d'une autre division, ce qu'on appelle le cross-selling (ou contrat croisé). Il suffit que 2 % des clients d'Adecco intérim deviennent clients de Lee Hecht Harisson, spécialisé dans la gestion de carrière et l'outplacement, pour doubler le chiffre d'affaires de cette dernière structure. Le cross-selling a donc un effet de levier important dans une autre division. »

Le groupe a ainsi réorganisé son activité en début d'année pour donner plus de visibilité à ses clients. L'orga- nigramme se compose, désormais, de cinq divisions. Outre l'intérim, Adecco propose des prestations de services dans l'informatique et les télécoms à haute valeur ajoutée (Ajilon), la gestion de carrière (Lee Hecht Harrison, Alexandre Tic, Oberthur Consultants, Novitec) et, depuis février dernier, l'e-recrutement, avec le rachat de Jobpilot, un site emploi sur Internet. Bientôt, un cinquième métier va faire son apparition, sous la marque APS (Adecco paywise system), et couvrira tous les aspects administratifs des RH (gestion de la paie, des prestations sociales...).

Pour mieux cerner l'offre, 600 directeurs du groupe vont, ainsi, participer prochainement à une université pour préparer l'argumentaire et mieux connaître les produits, les mêmes dans tous les pays du monde.

Longueur d'avance

Le groupe a, d'ailleurs, une longueur d'avance en la matière : sa croissance s'est, en effet, constituée par l'acquisition successive de plusieurs sociétés RH qui lui ont permis de construire une image de qualité : avant même la fusion entre Adia et Ecco, en 1996, le groupe a ainsi acheté Alexandre Tic, déjà spécialisé dans le recrutement ; puis Novitec (pour la formation) et, enfin, RH Facilities. Lab'Ho, observatoire des hommes et des organisations (uniquement en France), permet également de percer dans l'activité études...

Chiffres d'affaires en progression

Que pèsent actuellement ces activités sur les comptes des groupes ? L'intérim constitue toujours la vache à lait. Si l'activité d'Ajilon représente 12 % du chiffre d'affaires total, la gestion de carrière atteint, elle, 2 %. Dans le groupe Plus, l'intérim pèse encore 90 % du chiffre d'affaires, tandis que le conseil en RH (EOS) représente 7 %. Une contribution encore faible, mais en constante évolution. EOS a, ainsi, enregistré une progression de 60 % de son chiffre d'affaires par rapport à l'année précédente. Plus formation, autre activité du groupe, contribue, pour sa part, à 3 % du chiffre d'affaires.

Reste, toutefois, certains points à améliorer, en l'occurrence, favoriser la synergie entre les équipes commerciales qui se partagent les clients du groupe. Cette stratégie suppose, en effet, de décloisonner les différentes entités, pour bâtir une offre unique. Si cette approche est bien maîtrisée chez VédiorBis et Adecco, d'autres, en revanche, sont plus réticents à cette ouverture.

« Les métiers se ressemblent en apparence, mais uniquement en apparence, souligne Pierre Fonlupt, président du directoire du groupe Plus, président de Plus intérim et vice-président du Sett (Syndicat des entreprises de travail temporaire). Chaque métier a sa spécificité. Notre crédibilité face à un interlocuteur, le DRH, impose, le plus en amont possible, des compétences pointues sur un positionnement de niches. Nous privilégions, dès lors, l'identité de chaque entreprise et sa pertinence. »

L'essentiel

1 A l'exception de Manpower, la plupart des sociétés d'intérim diversifient leurs activités et offrent désormais à leurs clients une offre globale ressources humaines : formation, recrutement, outplacement, gestion de la paie...

2 Les atouts de ces sociétés sont évidents. Elles ont fait leurs preuves en matière de recrutement, d'évaluation, de formation ou encore de fidélisation des intérimaires. Un savoir-faire facilement transposable à d'autres types de salariés. Elles disposent, en outre, d'un solide carnet d'adresses.

3 Quelques points restent toutefois à améliorer, notamment les synergies en termes de marketing et de commercial, pour donner plus de visibilité à leurs clients.

Manpower fait cavalier seul

Une exception à la règle : Manpower, qui ne souhaite pas du tout prendre le train en marche. Pour cette société, inutile de vouloir se diversifier. L'intérim est son métier de base et elle compte bien le confirmer. Plutôt que de se lancer dans une diversification à tout va, l'entreprise explore et prospecte de nouveaux marchés, PME-PMI peu ou presque pas clientes de l'intérim, services non-stop (24 heures sur 24, sept jours sur sept)... En outre, le groupe espère bien que la Commission européenne assouplira les règles du recours au travail temporaire, comme, par exemple, ouvrir cette forme d'emploi à la fonction publique.

Qui fait quoi ?

Le groupe Adecco : Adecco intérim ; Ajilon (prestations de services dans l'informatique et les télécoms à haute valeur ajoutée) ; Lee Hecht Harrison (gestion de carrière) ; Jobpilot (e-recrutement). A venir : APS (Adecco paywise system), spécialisé dans tous les aspects administratifs des RH (gestion de la paie, des prestations sociales...).

Le groupe Plus : Plus intérim ; EOS (outplacement individuel, coaching, bilans) et Plus Formation (formations micro-informatique, bureautique et nouvelles technologies). Outre le pôle ressources humaines, le groupe Plus a, par ailleurs, développé un pôle documentaire et archivage avec deux structures, Locarchives et Parker Williborg.

Le groupe Védior : VediorBis ; Advancers executive, un cabinet de recrutement de middle management ; Capsecur conseil (services en termes de sécurité). Védior a également pris une participation de 15 % dans le capital d'une société de Nantes, Performances, spécialisée dans les tests de recrutement.

Randstad regroupe Randstad intérim et Randstad recrutement et services, prestations de recrutement à la carte.

Kelly rassemble à la fois Kelly services (intérim spécialisé) et Compétences RH, une structure spécialisée dans la formation, le recrutement middle-management, ainsi que des services permettant d'accélérer les cycles de recrutement, d'optimiser la qualité des candidatures, de fidéliser les collaborateurs ou de réduire les coûts administratifs.

Adia : Adia intérim et Adia conseil et formation, conseil en RH qui existe depuis dix ans.