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Les raisons d'un échec

SANS | publié le : 12.11.2002 |

Une étude, menée par un consultant britannique, décrypte les mythes et les erreurs du e-learning. La confusion entre marché de l'informatique et marché de l'apprentissage en est la source majeure.

L'étude menée par Kieran Levis*, consultant britannique de Cortona Consulting, n'est pas tant une description chiffrée et statistique du phénomène e-learning dans le monde, qu'une analyse des mythes et de l'idéologie claironnante qui ont entouré l'arrivée de la e-formation.

Point de départ de Kieran Levis : « Il n'existe aucune étude indépendante et étendue sur le marché du e-learning. Les études des analystes américains, pendant le boom Internet, sont trompeuses et ont créé une grande confusion au travers d'un énorme battage médiatique. »

Trois clés

Fondamentalement, les échecs de nombreuses expériences d'e-learning s'expliqueraient par trois clés : considérer la technologie comme une machine pour apprendre, penser que le fait d'apprendre se résume à la transmission de l'information, ignorer l'aspect social et la motivation des intéressés. « L'actuel échec du e-learning est celui d'une approche marketing des offreurs, reposant sur une vision restreinte de l'apprentissage. Leurs analyses de départ étaient fausses : des offres axées surtout sur la technologie et la réduction des coûts, une approche de marché de masse, des produits mais peu de services », renchérit Kieran Levis.

Trois mythes

Ces trois clés reposeraient sur trois mythes « entretenus par Wall Street et la Silicon Valley » : l'apprentissage en ligne est source d'énormes économies, l'e-learning fonctionne mieux qu'une salle de classe et l'apprentissage est devenu une arme stratégique. « Les zélateurs du e-learning ont cru, en fait, que ce qui était valable pour le marché de l'informatique serait vrai, aussi, pour le marché de l'apprentissage », analyse le consultant.

« Le pire est que des prévisions de croissance délirantes continuent à circuler aux Etats-Unis. Ainsi, on entend toujours parler d'un marché actuel de 11,6 milliards de dollars - idem en euros- , alors que le chiffre d'affaires du premier fournisseur d'e-learning aux Etats-Unis, Smart Force, n'est que de 261 millions de dollars en 2001 ! Si on fait le cumul des chiffres d'affaires des fournisseurs, on arrive à un chiffre de 3,5 milliards de dollars », affirme Kieran Levis.

Au final, le consultant ne jette pas le bébé avec l'eau du bain, mais s'attend à des changements majeurs, à la fois du côté de l'offre de produits et de services d'e-learning, mais aussi du côté de la demande : une utilisation plus fréquente de produits packagés, mais un recours plus fort encore aux contenus sur mesure, l'union du e-learning et du knowledge management, une progression du marché des services plus rapide que celle du marché des ventes de logiciels.

* The business of (e) learning, a revolution in training and education markets (240 pages). http://www.screendigest.com.

Fausses prédictions

Serge Ravet, directeur général d'EIfEL (European institute for e-learning), confirme les analyses de Kieran Levis : « Tout et n'importe quoi a été dit sur l'e-learning, qui n'a d'ailleurs que rarement reçu une définition pertinente. Où sont passées les prédictions d'IDC, de Merryll Lynch ou d'Accenture, qui prévoyaient des croissances exorbitantes ? »

Lui aussi refuse de jeter le bébé avec l'eau du bain, mais pointe un manque d'investissement en France : « L'argent dépensé en France pour les campus numériques universitaires fait figure d'erreurs d'arrondi par rapport à ce qui est investi en Grande-Bretagne, dans les UK universities worldwide, première initiative nationale d'enseignement à distance dans le supérieur, regroupant 156 institutions éducatives. »

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