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En région Nord, le Crédit agricole ne fait plus qu'un

SANS | publié le : 12.11.2002 |

Annoncé en juin 2001, le rapprochement des caisses Nord et Pas-de-Calais du Crédit agricole est effectif depuis le 27 juin dernier. Durant un an, le principal chantier a concerné la mobilité géographique et professionnelle. Reste à la nouvelle entité à se construire une identité propre.

Difficile de changer sans culture du changement. Telle est, sans doute, la réflexion que se sont faite les dirigeants des caisses régionales du Nord et du Pas-de-Calais du Crédit agricole, au soir du 12 janvier 2001, après avoir annoncé à leurs salariés la signature d'un protocole d'accord en vue d'une prochaine fusion. On ne bouscule pas impunément deux entreprises centenaires. Surtout sans anticipation, comme ce fut le cas dans le Nord, où l'éventualité d'un tel rapprochement n'avait jamais été évoquée auparavant.

Création de la troisième caisse régionale

Menée tambour battant entre janvier et juin, l'étude de faisabilité a pourtant fait la preuve du bien-fondé de cette fusion, qui s'inscrit dans le vaste mouvement de concentration entamé par la banque mutualiste. En juillet 2001, la décision officielle est prise... et l'inquiétude monte d'un cran chez les ex-salariés de la caisse du Nord. « La majorité des membres de la nouvelle direction étaient issus de la caisse Pas-de-Calais, ce qui laissait supposer une perte d'influence », se rappelle Jean-François Innocenti, délégué syndical FO.

Les salariés de la caisse du Nord craignent de perdre leur identité et que l'on fasse un simple "copier-coller" de l'organisation et des méthodes de la caisse du Pas-de-Calais. Une grève est même organisée en janvier 2002. Une interprétation que réfute Hervé Debarbieux, vingt ans de maison dans la caisse du Pas-de-Calais et DRH de la nouvelle entité : « Le projet est une fusion, pas une acquisition. Malgré une quasi-consanguinité, l'identité et la culture des deux caisses étaient très différentes. L'objectif de ce mariage, c'est de faire naître une nouvelle caisse, avec une culture d'entreprise propre. » Il se défend, ainsi, d'avoir voulu imposer les grilles et les calculs de rémunérations des uns (issus du Pas-de-Calais) aux autres, mais affirme avoir cherché à harmoniser au mieux des pratiques hétérogènes, notamment au niveau du calcul de la part variable.

Aucun licenciement

D'autre part, si le rapprochement des deux caisses n'affecte pas les réseaux d'agences (1 500 personnes environ), géographiquement distincts par nature, la fusion suppose de réunir les services centraux des deux caisses. Ayant anticipé l'opération de longue date, et donc géré au plus juste les ressources humaines (grâce, notamment, au non-remplacement des départs liés au plan de préretraite conclu en 2000 à l'échelle nationale dans le cadre de l'accord RTT), la Caisse agricole du Nord s'enorgueillit de n'avoir, ainsi, procédé à aucun licenciement.

Mobilité géographique et fonctionnelle

Dans le cadre de la nouvelle organisation, certains services sont, toutefois, réunis au nouveau siège, à Lille, tandis que d'autres sont regroupés sur Arras. Sur le millier de personnes concernées, 217 ont vu leur poste déménager d'un site vers l'autre. Et se sont trouvées alors dans l'obligation d'accepter une mobilité géographique (il faut 45 minutes de voiture pour re- joindre l'autre site) ou fonctionnelle.

« Une quarantaine de salariés ont accepté une mobilité géographique, tandis qu'une cellule d'orientation et d'accompagnement a été mise sur pied pour aider les autres à se former à un nouveau métier pratiqué sur leur ancien lieu de travail », explique Hervé Debarbieux.

Phase organisationnelle

Dès janvier 2002, la responsable de cette cellule, Régine Cornille, organise, avec le soutien du cabinet Altédia, des plans de formation collectifs et individualisés, avant de s'atteler à la rédaction d'une charte d'intégration à l'intention de ces "anciens" qui n'en sont pas moins des nouveaux venus dans les services qu'ils intègrent.

Le processus de fusion est, toutefois, loin d'être achevé. Avant de toucher le réseau commercial, il aborde maintenant sa phase organisationnelle, « l'étape la plus perturbante pour les salariés, puisqu'il s'agit des méthodes de travail et donc de leur fonctionnement quotidien », assure le DRH. Avec une ancienneté moyenne de dix-sept ans, l'effort d'adaptation demandé aux salariés est proportionnel à l'enjeu : faire de la Caisse agricole du Nord, avec 2 500 collaborateurs, 235 agences et 700 000 clients, la première banque locale d'une région à fort potentiel (4,5 millions d'habitants).

Un rapprochement de longue haleine

Janvier 2001 : signature du protocole d'accord prévoyant la fusion des deux caisses.

Janvier-Juin 2001 : étude de faisabilité et négociations avec les partenaires sociaux.

Juin 2001 : lancement officiel du processus de la fusion.

Janvier 2002 : grève, suivie à 60 % dans le "Nord" et à 10 % dans le "Pas-de-Calais".

Mai 2002 : harmonisation des rémunérations.

27 juin 2002 : naissance officielle du Crédit agricole du Nord (13 460 millions d'euros de collecte et 10,8 milliards d'euros de bilan total).

Novembre 2002 : harmonisation des avantages sociaux.

2003 : redécoupage du réseau des 235 agences.