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Les vrais coûts des troubles musculo-squelettiques

SANS | publié le : 05.11.2002 |

Fin 2000, onze entreprises lorraines créaient, avec l'Anact, un "club TMS" pour prévenir les troubles musculo-squelettiques. A leur initiative, une étude sur les coûts cachés des TMS vient d'être menée. Ceux-ci sont deux fois plus élevés que les coûts directs.

Comment, lorsqu'on est DRH, médecin du travail ou membre du CHSCT, convaincre sa direction générale du bien-fondé d'actions de prévention contre les troubles musculo-squelettiques ? En lui prouvant que cette maladie lui coûte très cher, beaucoup plus cher que les seuls versements à la branche AT/MP (accidents du travail/maladies professionnelles) de la Sécurité sociale.

Club TMS Lorraine

C'est ce qu'ont souhaité faire les entreprises membres du club TMS Lorraine, fondé à l'initiative de l'Anact (Agence pour l'amélioration des conditions de travail), il y a deux ans. Ce club est un lieu d'échanges de réflexions et de pratiques de représentants d'entreprises industrielles - DRH, médecins du travail, ingénieurs méthode ou de production, contrôleurs de gestion, etc. -, soucieux de prévenir cette maladie (voir Entreprise & Carrières n° 604).

Le club a passé commande, via l'Anact, d'une étude destinée à mesurer les coûts cachés des TMS. Celle-ci, menée par Iséor (Institut de socio-économie des entreprises et des organisations), pendant le premier semestre 2002, a porté sur trois entreprises membres du club, qui avaient toutes mis en place un certain nombre d'actions pour gérer et prévenir les TMS.

Deux types de coûts

Quels sont les coûts cachés d'un TMS ? « Ils sont de deux types : d'une part, des surcharges de fonctionnement, parce que l'entreprise doit faire face à des dysfonctionnements ; d'autre part, l'insuffisance de valeur ajoutée, c'est-à-dire l'insuffisance de développement de l'entreprise », explique Véronique Zardet, directrice adjointe d'Iséor, qui a dirigé l'étude. Dans le premier cas, ce sera, par exemple, le coût de remplacement de la personne par un intérimaire ; dans le deuxième, la baisse de productivité d'un salarié placé à un poste aménagé pour raisons médicales.

Pour évaluer ces coûts cachés, Iséor a mené 70 entretiens à tous les niveaux hiérarchiques et analysé des documents internes (données médicales, comptes rendus de CHSCT...). Bilan du corpus de 400 pages, remis aux entreprises du club : les coûts visibles de la maladie ne sont que la partie émergée de l'iceberg, soit seulement un tiers du coût total. D'une entreprise à l'autre, les sommes varient énormément. De 6 800 euros, par an et par personne, à 11 200 euros chez une autre.

Manque d'indicateurs

En regard de ces coûts, la prévention représente-t-elle un investissement ? Il a été difficile à Iséor de l'établir, en raison d'informations trop approximatives. L'Institut a d'ailleurs pointé le manque d'indicateurs dans les entreprises pour mesurer réellement l'ampleur du phénomène des TMS... Pour les sociétés, l'étude a été considérée comme une base de départ pour aller plus loin. « Iséor nous a donné des pistes en nous permettant d'identifier des axes de progrès, indique Cathie Kopp, responsable ressources humaines de Hager Electro, l'une des entreprises dans lesquelles a été menée l'étude. Pour notre part, nous avons retenu quatre indicateurs pour mesurer notre progression : le coût direct, le surcoût lié au remplacement de la personne absente, le coût des restrictions médicales, le coût du temps passé par les différents services à gérer les TMS. »

Préserver le capital santé

L'objectif, pour 2003, est de relancer une étude plus large sur le coût et l'impact des efforts de prévention. Chargé de mission à l'Anact, Philippe Douillet estime que la prévention a des effets au-delà de la santé. « La mise en place de la polyvalence des postes, par exemple, a un impact non seulement sur la santé mais sur la performance des salariés. Etablir des liens entre la prévention et la performance est important : plus encore que le coût, c'est peut-être la notion d'investissement qui intéresse une entreprise. »

Le chargé de mission pense aussi que la notion de "rating social", liée au développement durable, sera de plus en plus prégnante. Comme le souligne la responsable RH de Hager Electro, « préserver le capital santé au travail permet à l'entreprise d'améliorer sa performance - moins d'absentéisme, meilleure pro- ductivité... - et le climat social (meilleures conditions de travail). Les entreprises ont donc tout intérêt à s'engager dans la voie de la prévention ».