Les chantres de la fin des préretraites n'ont qu'à bien se tenir. Les plans de départs anticipés ont encore de l'avenir. La preuve ? 800 salariés de Dassault Aviation quitteront l'entreprise, d'ici au 28 février 2005, conformément à l'accord d'entreprise Cats-Casa (Cessation anticipée d'activité pour les salariés âgés), signé le 6 février dernier. Etalé sur trois ans, ce dispositif propose aux collaborateurs atteignant 57 ans dans la période d'interrompre leurs activités, contre 65 % de leur rémunération annuelle, si leur revenu ne dépasse pas 28 200 euros, et 50 % pour un salaire compris entre 28 200 et 56 400 euros.

L'accord signé par Dassault s'inscrit dans la veine des premiers plans Casa, concédés à la métallurgie en 1999. Il concerne les mêmes catégories de personnel, avec, par ordre de priorité : les salariés ayant quinze années en travail de nuit ou quinze années en horaires décalés (2/8 ou 3/8), les travailleurs handicapés et les salariés ayant le plus grand nombre de trimestres de Sécurité sociale validés. Au coeur des revendications du conflit social du printemps 2000, cet accord affiche un bilan positif. En octobre, sur les 180 personnes qui remplissent les conditions pour partir, 173 se sont déjà portées volontaires. L'an prochain, une vague de 260 départs est programmée. Les salariés concernés ont jusqu'à la fin du mois pour présenter leur candidature. Les contingents sont ensuite fixés à 280 départs en 2004 et 80 en 2005.

Pour remplacer ces salariés âgés, 130 personnes ont déjà été recrutées et 50 nouvelles embauches devraient suivre dans les mois à venir. « Cette année, on a pris l'engagement de remplacer tous les départs. Ensuite, on raisonnera selon le plan de charges », indique Pierre Vivien, le DRH. En effet, l'accord Casa n'oblige pas à compenser les départs par des embauches. Pour Raymond Ducrest, délégué syndical central CFDT, « le risque de ce dispositif, c'est d'être dans une situation de plan social masqué et de se retrouver avec moins d'emplois qu'à l'origine ».

Cependant, une conjoncture économique favorable permettrait à Dassault Aviation de maintenir ses effectifs tout en rajeunissant ses troupes. La direction table, notamment, sur l'arrivée de la génération des 32-36 ans, qui, victime de la crise économique de 1992-1993, est aujourd'hui le chaînon manquant de la pyramide des âges. Avec une moitié de collaborateurs ayant dépassé les 46 ans et une moyenne d'âge qui avoisine 45 ans, Dassault Aviation ne représente pas un modèle d'équilibre démographique.

Même en 2001, malgré 700 très jeunes recrues et 300 départs en retraite, l'âge moyen n'a baissé que d'un mois et demi. « Il faut cinq ans pour faire baisser une moyenne d'âge d'un an ! », s'exclame le DRH. Faudra-t-il signer un nouveau plan de préretraite après 2005 ? C'est en tous cas le souhait des organisations syndicales.

Accessible aux salariés âgés de 57 ans, entre le 6 février 2002 et le 28 février 2005.

65 % de la rémunération annuelle pour les salariés dont le revenu ne dépasse pas 28 200 euros.

50 % pour les salariés dont le revenu est compris entre 28 200 et 56 400 euros.