La CFDT entrerait-elle en concurrence avec les courtiers ? Le syndicat propose, désormais, plusieurs produits de protection sociale et de sécurité juridique aux "travailleurs" qui rejoindraient son réseau Professionnels autonomes. Les adhérents, issus des "marges du salariat" (consultants indépendants, journalistes pigistes, informaticiens free-lance...), se voient proposer des contrats groupés de prévoyance et de sécurité professionnelle. D'autres produits d'épargne et de retraite sont en cours de développement.

Pour accéder à ces contrats de groupe, les professionnels autonomes devront adhérer au Betor-Pub (conseil et publicité) ou au SNLE (livre et édition), les deux syndicats "hôtes" du réseau. La CFDT compte ainsi capter une partie des quelque 100 000 à 350 000 professionnels autonomes qui, étant par définition hors entreprise, échappent à toute forme de syn- dicalisme. Cette initiative, lancée à titre expérimental jusqu'en 2005, s'inscrit dans la volonté plus générale de la confédération pour aller au-devant des salariés des PME-TPE.

« Si nous voulions nous développer sur le segment des professionnels autonomes, il nous fallait adopter une démarche spécifique et proposer des services », justifie Laurent Coquelin, chargé de mission à la CFDT. Avec l'aide de l'Observatoire des cadres, le syndicat a donc identifié un certain nombre de besoins chez ces professionnels autonomes. En premier lieu, celui de protection sociale, rendu d'autant plus pesant que les "solos" changent souvent de statut, voire les cumulent. La Mutualité française et les mutuelles UMC ont été choisies pour gérer les produits de protection sociale (complémentaire santé et prévoyance), tandis que la compagnie Impact Assurances gérera les produits de sécurité professionnelle (responsabilité civile professionnelle, multirisques professionnelle et protection juridique).

Ces produits s'articulent avec une série de services, tels qu'une aide juridique aux solos (choix du statut le plus adapté, requalification d'un contrat commercial en contrat de travail...) ou des lieux d'échange et de dialogue. Cependant, la CFDT n'oublie pas son rôle traditionnel et a produit un corpus de revendications. Notamment sur le portage salarial, où des négociations pourraient commencer en novembre, selon Ivan Béraud, secrétaire général du Betor-Pub, et, plus généralement, sur un régime universel de Sécurité sociale et la portabilité des droits sociaux. Pour Laurent Coquelin, les produits que distribue la CFDT ont pour vocation de proposer des « solutions immédiates et concrètes, en attendant la prise en compte des revendications ».