Si les entreprises de travail temporaire se targuent d'être "un tremplin vers l'emploi" - 36 % des intérimaires reçoivent une offre d'embauche de l'entreprise cliente à la fin de leur mission -, elles ont le légitime souci de fidéliser une ressource qui fonde leur activité. Or, qu'est-ce qui intéresse le plus un intérimaire ? « Un travail intéressant et un bon salaire », résume Jean-Pierre Lemonnier, président du directoire de Manpower. Le programme Majors, qu'il a lancé cette année, a pour but de répondre à cette demande basique qui sous-tend une véritable gestion de carrière.

« Deux fois pas an, l'intérimaire a droit à un bilan professionnel au cours duquel il fait le point sur ses acquis et sur ses souhaits d'évolution. Nous l'aidons à s'orienter vers les missions qui lui permettront de progresser en compétences et en salaire », poursuit-il.

Testé depuis deux ans, ce programme compte actuellement 1 500 "majors", l'objectif étant d'en accompagner 15 000 d'ici à 2004. N'est pas major qui veut : il faut une certaine ancienneté (6,5 mois durant les 12 derniers mois), être motivé par le programme et, surtout, posséder un métier ou une qualification recherchés. C'est le cas des agents de fabrication, caristes, conducteurs, électriciens d'industrie, maçons, manoeuvres, manutentionnaires, secrétaires, soudeurs...

Les mêmes principes sous-tendent le programme Clef (comme Charte liberté emploi formation), lancé il y a un an par Vedior Bis. Là aussi, ce sont les intérimaires aux compétences les plus recherchées et qui souhaitent s'inscrire durablement dans l'intérim que l'ETT accompagne dans leur parcours professionnel.

Vedior Bis propose deux variantes au programme : Clef Talent, qui mise sur la continuité des missions ; Clef Développement, qui alterne les missions et la formation. L'ETT compte 25 000 intérimaires "Clef". « Tout le monde y gagne, souligne Jacques Culioli, directeur du marketing et du développement. On délègue quelqu'un qu'on connaît, c'est plus sécurisant pour l'entreprise. L'intérimaire est plus motivé et a plus de visibilité sur ses missions. Enfin, les agences passent moins de temps à faire du recrutement. En ayant un volant d'intérimaires compétents, elles passent d'une gestion de flux à une gestion de vivier. »

Pas de programme de fidélisation d'un public restreint chez Adecco, mais l'ambition « de travailler sur le parcours professionnel de l'intérimaire ». Pour ce faire, l'ETT vient de se doter d'un nouvel outil de gestion informatique, baptisé LEA, enrichi de fonctionnalités nouvelles concernant le profil de l'intérimaire. Chaque fiche va au-delà des seules qualifications et compétences professionnelles en consignant les compétences de l'ordre du "savoir-être", les préférences quant au contexte professionnel, etc.

Dès l'année prochaine, toute agence pourra avoir accès à tous les dossiers et le collaborateur aura accès à sa fiche, par souci de transparence. Parallèlement, l'outil informatique n'enregistrera plus des offres mais des "profils de mission"qui pourront être "matchés" plus précisément avec les profils des intérimaires, le but étant de proposer des missions plus appropriées et de mieux les enchaîner. Chaque fiche sera enrichie au fil des missions. Un bilan professionnel est prévu au bout de six mois d'ancienneté.

« Aujourd'hui, la traçabilité de la personne est assurée. Nous suivons son parcours, elle a un dossier unique accessible à tous », observe Jean-Luc Ficarelli, directeur des ressources intérimaires d'Adecco.