logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

Comment Southwest Airlines se rit de la crise

SANS | publié le : 22.10.2002 |

La compagnie intérieure à bas prix, Southwest Airlines, continue de faire des bénéfices, ne perd pas de valeur boursière et n'a licencié personne. Depuis près de trente ans, sa culture du fun et l'appel à la créativité des salariés s'avèrent efficaces.

Southwest Airlines, la quatrième compagnie aérienne américaine, se rit des turbulences de l'après-11 septembre. Ses concurrents s'enfoncent dans les déficits. Le secteur a perdu plus de 10 milliards de dollars depuis vingt mois. Et quelques noms connus sont en défaut de paiement. National Airlines, US Airways en font partie, et le géant United Airlines se bat actuellement pour éviter le pire (lire Entreprise & Carrières n° 640). Mais pas Southwest.

La compagnie discount - 82,40 dollars le voyage, en moyenne -, aux services austères, résiste. Son chiffre d'affaires sur six mois a certes baissé de 8,5 %, à 2,78 milliards d'euros. Les bénéfices sont cependant toujours au rendez-vous : la maison a gagné 126,12 millions d'euros durant le premier semestre 2002. Et, à la fin de son second trimestre, elle affichait fièrement 2,14 milliards d'euros de liquidités, disponibles en caisse.

Réussite économique

Une telle performance a été saluée, comme il se doit, par le magazine Fortune : Southwest arrive, cette année, au deuxième rang des entreprises américaines les plus admirées, derrière General Electric*, et n'a pas quitté le Top 10 depuis 1997. Les raisons de cette insolente bonne santé ? Le modèle économique de cette compagnie, qui n'affrète qu'un type d'avion, le Boeing 737, et dont les escales techniques de 25 minutes sont bien connues de la concurrence, qui y consacre, en général, le double.

Emploi garanti

Mais il y a aussi un modèle RH de Southwest. Quelles que soient les difficultés du moment, l'entreprise essaie de garder à tout prix ses effectifs et tous ses vols. Ainsi, pas un des 35 000 salariés n'a quitté l'entreprise, pendant que ses concurrents licenciaient par dizaines de milliers. Ils ont gardé leurs plans de stock-options : 10 % des titres leur appartiennent. La compagnie a été le premier employeur du secteur à en accorder et le titre se porte bien.

D'autre part, les syndicats du groupe ont récemment signé avec la direction de nouveaux accords. Les pilotes ont négocié des hausses de salaires de 36 % sur quatre ans. Et les mécaniciens ont un nouveau contrat, jusqu'à 2005, prévoyant la distribution de stock-options. En près de trente ans d'activité, Southwest n'a connu qu'une grève.

Personnel réactif

Un tel climat renforce les liens entre salariés et direction. Et permet de répondre plus vite lorsque la crise se présente. « Nous avons maintenu nos 2 800 vols quotidiens avec le même nombre de salariés, explique Beth Harbin, porte-parole de Southwest. Et nous avons trouvé ailleurs d'autres moyens de réduire les coûts. » Les salariés, assurés de garder leur emploi, se révèlent "souples et créatifs", soulignait récemment Colleen Barrett, présidente de la compagnie. C'est ainsi que les personnels ont eu, par exemple, l'idée de réduire le temps d'embarquement dans les avions en faisant monter les passagers simultanément à l'avant et à l'arrière. La formule est actuellement testée dans les deux aéroports texans de Dallas et Houston. Autre idée, la récupération de matériel : à Phoenix, les mécaniciens de Southwest ont recyclé des plates- formes d'échafaudages, abandonnées par des compagnies concurrentes, pour faciliter le chargement de leurs propres Boeing. Il n'y a pas de petits profits.

La "fun" attitude

Enfin, malgré la période, la culture du "fun" est restée une valeur centrale de Southwest Airlines. Son patron charismatique, Herb Kelleher, aujourd'hui remplacé par Jim Parker, donnait l'exemple en se déguisant en Elvis Presley dans des publicités sur "la compagnie où le King a été vu". Le 31 octobre, ses passagers devraient encore avoir le sourire, puisque la compagnie sacrifiera une nouvelle fois à sa tradition d'Halloween day, avec des personnels déguisés en Austin Powers, en Dracula et en hommes politiques divers.

* Classement paru en mars 2002.

REPERES

35 000

salariés.

126 millions d'euros de bénéfices au 1er semestre 2000.

Articles les plus lus