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SANS

Orgueil ou ambition ?

SANS | publié le : 15.10.2002 |

Curieuse situation. Depuis des années, on me demande de « soutenir la progression professionnelle » de ce décideur, un expert très reconnu dans son métier pour la pertinence de ses observations et recommandations.

Je le fais volontiers. Apprécié de tous (et de moi), il a déjà eu de multiples occasions de grimper dans l'organigramme pourtant encombré d'une entreprise où il est entré tout de suite après de très brillantes études, où il a toujours obtenu de bons résultats, et où son image personnelle, en interne comme auprès des clients, devrait être plutôt favorable à sa carrière.

Il stagne. Et, une fois de plus, un autre expert, certes compétent, mais plus jeune, moins expérimenté, et peut-être moins fiable, vient de prendre la direction d'une équipe qui lui aurait bien convenu.

J'enrage. Pas lui. On en parle. « Vous savez bien que je n'ai pas été candidat, m'explique-t-il. Ce service est intéressant, c'est sûr, mais les décideurs mettent en concurrence des cadres qui bénéficient d'atouts tellement différents qu'à mon avis, toute comparaison solide est impossible. Dans ces conditions, je préfère n'être pas choisi qu'être mal choisi. »

Mouvement du menton. Air martial. Je dois comprendre qu'on ne l'attrapera pas avec des leurres. Très bien. Le métier de coach ne consiste pas essentiellement à pousser le bénéficiaire plus fort qu'il ne le souhaite lui-même, c'est vrai.

Mais, comme dans l'univers du sport de haut niveau, nous ne sommes (à juste titre, à mon avis) pas seulement jugés sur le bien-être des bénéficiaires de nos conseils, mais aussi sur la progression de leur efficacité et de leur carrière.

En refusant l'obstacle, il me remet en question. Plus largement, je me demande ce qui distingue, finalement, les vrais leaders des velléitaires, et où est l'ingrédient, le ressort, le petit plus qui fait la différence ?

J'en étais là de mes réflexions, quand je tombe sur une chronique politique évoquant de récentes élections et regrettant l'absence d'une personnalité ayant renoncé à se porter candidat, pour conclure finalement : « Trop orgueilleux pour avoir de l'ambition. »

La remarque est cruelle, mais elle me semble bien juste : n'est-ce pas, à titre individuel, comme pour nos entreprises, l'attitude qui nous donne, à nous Français, cette réputation d'arrogance ?