E & C : Quelle est votre analyse sur le contenu des trente-trois dossiers de candidature ?

E. T. : Par rapport aux éditions précédentes, nous assistons à une montée en puissance des intranets communautaires, des outils visant des groupes précis de l'entreprise. Déjà, l'an passé, la RATP avait présenté un projet similaire. Ce n'est donc pas une rupture, mais une tendance qui s'affirme. Outre le souci de partager les savoirs et les bonnes pratiques, les entreprises ont réellement cette ambition d'offrir à leurs collaborateurs des outils efficaces, orientés métiers, et les aidant à accomplir leur travail au quotidien.

La déception revient sans doute au faible nombre de projets ayant intégré une problématique d'e-learning. Les entreprises s'interrogent encore fortement sur ce sujet. Il faut dire que les budgets sont, en la matière, nettement plus élevés.

E & C : Le jury a pourtant préféré consacrer un intranet corporate plutôt qu'un intranet de partage des savoirs...

E. T. : D'un point de vue technologique, le portail d'Air Liquide est une vraie réussite. Il reflète aussi une autre évolution majeure : celle qui consiste, pour un groupe, à homogénéiser ses outils de communication et de RH. Ces dernières années, les entreprises ont laissé une large autonomie à leurs filiales et établissements pour développer des intranets. Aujourd'hui, l'heure est à la fédération, tout simplement parce que les entreprises veillent à véhiculer une identité commune.

E & C : Hormis les lauréats, avez-vous été frappé par d'autres intranets ?

E. T. : Ceux présentés par les sociétés ArjoWiggins, DHL ou Ikea me paraissent intéressants car, tout en étant pertinents sur le fond et agréables sur la forme, ils démontrent que la technologie et le coût ne sont plus des freins de développement. A ce titre, Mart-e-Net, l'intranet corporate de Martell, une PME de 400 salariés, est aussi très réussi. Pour ce type d'entreprise, les difficultés portent, à mon sens, davantage sur les investissements liés au hard que sur ceux liés au soft. J'ai également apprécié les sites intranets d'Heineken et d'Air France, pour la démarche impulsée par ces deux entreprises. Quant à celui de Schlumberger, c'est véritablement un outil RH très abouti.