Les ouvriers de la filature d'Hellemmes ont enfin reçu le chèque qu'ils attendaient depuis plus d'un an. Un chèque de 9 146,34 euros, la prime additionnelle de licenciement que leur devait leur employeur. Mais c'est le Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais qui s'est substitué à ce dernier pour verser provisoirement la somme, le 10 septembre dernier.

« Il s'agit d'une résolution exceptionnelle, précise Pierre de Saintignon, vice-président du Conseil régional, en charge des dossiers économiques. Ce soutien ne relève pas, normalement, des compétences de la région. Il repose sur des principes de solidarité et de responsabilité. Nous avons obtenu une convention signée des deux administrations de Mossley, celle du Nord et celle de Normandie. Cette convention apporte l'assurance d'un remboursement après la vente des locaux de la filature en liquidation. »

Pierre de Saintignon n'envisage pas que le geste du Conseil régional puisse se répéter : « Je pense qu'il faudra de très nombreuses années avant de rencontrer encore des chefs d'entreprise de cette nature... Jusqu'au bout, les dirigeants de Mossley ont refusé de faire les choses dans les règles. Durant ma longue carrière économique et politique, je n'ai jamais vu ça ! » Pendant un an, les salariés de la filature ont tenu en haleine toute la région, notamment en occupant pendant quatre mois les locaux de leur entreprise, mise en liquidation en juin 2001. En janvier dernier, le tribunal de commerce de Lille mettait en demeure le groupe Mossley de verser la prime due. Enfin, le soulagement accueillant le protocole de fin de conflit, le 30 août 2001, fut de courte durée. Les 3 000 premiers euros des primes de licenciement ont été versés aux 123 salariés après la vente aux enchères des machines. La prime additionnelle de licenciement n'a été versée que récemment, grâce au geste du Conseil régional.

La cellule de reclassement, qui prend fin à la mi-octobre, a suivi, pendant un an, 111 des 123 salariés de la filature d'Hellemmes. Monoculture, mono-entreprise, moyenne d'âge élevée : la mission était délicate. « Nous espérons aujourd'hui que plus de 50 % des personnes suivies seront en situation d'emploi à l'issue de la mission, indique Henri Kaczmarek, responsable du département emploi d'Entreprises et Cités. Nous avons mené un énorme travail de reconversion, en fonction des transferts qui paraissaient possibles dans le bassin d'emploi et des compétences de chacun. » Mais les consultants chargés de ce travail n'ont pas touché la part de financement que leur devait le Groupe Mossley, et ne se font guère d'illusions là-dessus.