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Thalès contrôle les risques chimiques grâce à l'intranet

SANS | publié le : 08.10.2002 |

Thalès Systèmes Aéroportés a mis en place une base de données répertoriant un millier de produits chimiques utilisés par les salariés du groupe. Consultable par chacun d'eux sur l'intranet, elle a contribué à réduire les accidents du travail de 15 %.

Pôle défense du groupe Thalès (ex-Thomson-CSF), Thalès Systèmes Aéroportés conçoit et fabrique des systèmes électroniques (radars, instruments de détection...) destinés à être embarqués sur des avions. Ses 5 100 salariés, répartis sur cinq établissements - Brest, Pessac (Gironde) et Elancourt (Yvelines) - sont composés, à 75 %, d'ingénieurs et de cadres. Les produits chimiques sont très employés dans les nouvelles technologies. Colles, métaux, solvants, acides, gaz, vernis, résines... : au total, un millier de produits sont utilisés quotidiennement par les salariés de l'entreprise, sans qu'ils en perçoivent toujours les risques.

Pour mieux organiser la prévention, l'ingénieur sécurité et le médecin du travail du site d'Elancourt ont demandé la mise en place d'une base de données informatique recensant toutes les fiches de données de sécurité de chaque produit. Celles-ci existaient déjà, mais sur support papier, avec tous les inconvénients que l'on imagine : liste des destinataires difficile à gérer, mise à jour épisodique, absence des fiches de produits n'entrant pas par le circuit officiel. L'intérêt de la base informatique est d'être accessible sur l'intranet du groupe, donc consultable par l'ensemble des salariés, tous équipés d'ordinateurs. C'est un ingénieur chimiste et un technicien de sécurité, spécialiste en toxicologie, qui ont construit la base et rédigé près d'un millier de fiches.

Une base accessible à tous les niveaux

Par ailleurs, un service de contrôle a été mis en place pour s'assurer que chaque produit entrant dans la société ait sa fiche dans la base. « Nous avons voulu faire une base accessible à tous les niveaux, explique Jean-Jacques Bled, médecin du travail, à l'origine du projet. On peut aussi bien consulter les fiches complètes de 4 à 5 pages, conformes à un modèle réglementaire, que des fiches simplifiées qui donnent des informations sur la façon d'utiliser tel produit - faut-il mettre des lunettes, des gants, travailler sous hotte ? -, sur le traitement à réserver aux flacons vides, etc. »

Au fur et à mesure, la base a été perfectionnée. L'installation d'un moteur de recherche a permis de croiser diverses informations. Il est, ainsi, possible de rechercher des produits utilisés dans tel atelier en entrant le nom de l'atelier, de repérer les produits très toxiques en entrant "T +" ou "très toxique", ou de rechercher les produits contenant telle substance. « Cela a permis de faire baisser le nombre de produits chimiques, en éliminant les doublons ou en n'utilisant plus que le produit le moins toxique à usage équivalent », indique le Dr Jean-Jacques Bled.

Les services médicaux de chaque établissement ont gagné en efficacité. « Quand je visite les lieux de travail sur mon tiers-temps, j'apporte la liste des produits utilisés. Il m'est ainsi arrivé de faire changer la ventilation d'un atelier, car elle était insuffisante en regard des produits chimiques qui y étaient manipulés », illustre Jean-Jacques Bled.

La visite médicale est, elle aussi, plus pointue. Le médecin sait, désormais, quels produits le salarié manipule et peut demander une surveillance médicale particulière ou l'orienter vers des examens biologiques appropriés. La santé des salariés s'en ressent. S'il est encore trop tôt pour mesurer l'impact de cet outil de prévention sur la baisse des maladies professionnelles (les effets des produits chimiques se font surtout sentir au bout de cinq ou dix ans), les médecins de Thalès Systèmes Aéroportés ont déjà constaté une baisse de 15 % des accidents du travail. En outre, leurs taux de fréquence et de gravité ont diminué.

D'importants moyens déployés

Si le bilan est positif, c'est, estime le médecin du travail, que les moyens n'ont pas manqué : embauche d'un technicien toxicologue pour créer et actualiser la base, formation des salariés à la sécurité incluant une présentation de la base de données, "service après-vente" du service médical, qui vérifie que chacun dispose bien des équipements de protection individuels. Des moyens qui n'ont pas été déployés pour rien : l'entreprise est, aujourd'hui, en phase avec le décret du 5 novembre 2001 sur l'obligation d'évaluation des risques.

THALèS SYSTèMES AÉROPORTÉS

Effectifs : 5 100 salariés.

Sites : cinq établissements (Brest, Pessac, Elancourt).

Chiffre d'affaires en 2001 : près d'un milliard d'euros.