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Série noire pour l'emploi

SANS | publié le : 08.10.2002 |

Face à la montée des restructurations, le gouvernement devrait annoncer, ce mois-ci, la création d'une task force chargée, en région, non seulement de jouer le pompier social, mais de prévenir les licenciements. Elle s'appuierait sur des expériences de terrain.

Il y a urgence ! Avec la succession des plans sociaux, les Français plébiscitent la création d'une cellule de veille pour prévenir les licenciements, et cela, avant même de réformer la loi de modernisation sociale et la mise en place de l'assurance emploi. C'est ce qui ressort d'un sondage Louis Harris, réalisé pour VediorBis et l'Express, publié le 26 septembre.

42 % des personnes interrogées estiment, en effet, que le nouveau gouvernement doit s'occuper, en priorité, de la baisse du chômage (contre 45 % pour l'insécurité). La création d'une cellule chargée de surveiller les plans sociaux recueille 61 % des adhésions ; 48 % des personnes interrogées jugent cette mesure plutôt efficace et 13 % estiment même qu'elle est très efficace (contre 69 % pour la création de contrats jeunes entreprise et 71 % pour la baisse durable et massive des cotisations sociales patronales).

Mauvaises nouvelles

De fait, depuis la rentrée, les mauvaises nouvelles s'accumulent sur le front de l'emploi. Les restructurations succèdent aux restructurations et les titans ne sont pas épargnés. Alcatel a annoncé la suppression de 9 000 emplois en France (29 000 dans le monde). Parmi les sites concernés, Lannion (22) devrait compter 600 suppressions de poste. Dans le secteur du jeu vidéo, le leader européen, Infogrammes, s'apprête à réduire de moitié ses effectifs, soit 280 postes. Chez Aventis, un tiers des emplois dans la recherche et développement sont menacés, le plan de réorganisation du groupe français pourrait, ainsi, entraîner la suppression de 635 à 685 emplois, sur un total de 2 210. Les salariés de Mitsubishi Electric à Etrelles (Ille-et-Vilaine) sont, eux, venus protester à Paris contre la fermeture programmée de leur usine. Arcelor, Whirlpool, Atofina, Gemplus, EADS complètent la liste.

Tous les secteurs sont concernés

Tous les secteurs, toutes les entreprises semblent concernés. Ce mouvement s'accompagne parfois de conflits musclés. Le 1er octobre, les salariés de la Centrale thermique de la Snet, à Carling, en Moselle, ont séquestré, pendant vingt-quatre heures, cinq cadres de l'entreprise, dont le directeur, pour protester contre un plan de suppression de 222 emplois sur les 515 de la centrale mosellane.

Endiguer la série noire

Pour endiguer cette série noire, le gouvernement devrait annoncer, ce mois-ci, les modalités de fonctionnement de la task force sur les plans sociaux, qui accompagnera les restructurations dans des bassins d'emplois déterminés, à destination des salariés des PME, qui ne "bénéficient" pas d'un vrai plan social. Le schéma du gouvernement est quasiment bouclé. Le dispositif aura pour mission de coordonner les efforts déployés par les pouvoirs publics aux niveaux national, régional et local, de façon à la fois curative et préventive. L'objectif est de limiter le rôle de pompier social de l'Etat en agissant sur l'employabilité des personnes par le biais d'actions de formation, afin d'anticiper les mutations technologiques.

Veille emploi

A y regarder de plus près, il semble que la cellule, imaginée par François Fillon, ait quelques ressemblances avec la cellule veille emploi-économie qui vient de voir le jour en Gironde. Réunissant, outre les services de l'Etat, le conseil général de la Gironde, le conseil régional d'Aquitaine, la chambre de commerce et d'industrie de Bordeaux et le BRA (Agence de développement économique de Bordeaux), cette cellule a pour mission prioritaire de se pencher sur les solutions de reclassement proposées aux salariés touchés par les licenciements et sur les mesures susceptibles de venir en aide aux entreprises les plus menacées. Elle va, également, s'efforcer de mieux concilier offres et demandes d'emploi.

Anticiper les besoins

« Nous pouvons aller jusqu'à anticiper les besoins en formation avec le conseil régional et nous pouvons accélérer la validation des dossiers dont la complexité des financements croisés demande une excellente coordination entre les différents partenaires », indique Paul Méry, directeur de la direction du développement des projets de l'Etat, à la préfecture, et qui se trouve au coeur du dispositif. Car, si le département souffre d'un taux de chômage supérieur (9 %) à la moyenne nationale, certains secteurs peinent à trouver du personnel.

« La formation peut également être envisagée pour amener des chômeurs vers des secteurs demandeurs d'emplois, tels que le BTP, l'agriculture, l'hôtellerie- restauration. »

Autre initiative régionale : l'organisation professionnelle du textile en Rhône-Alpes, Unitex, est sur le point d'activer, en région, des cellules interentreprises de reclassement pour les salariés touchés par des licenciements économiques (voir ci-dessous). Des plates-formes similaires existent déjà dans les Pays-de-Loire, le Nord ou encore les Vosges, soit « autant de bonnes pratiques » examinées de près par le ministère des Affaires sociales.

Deux points restent toutefois à régler avant l'activation de cette cellule de veille. Jean-Pierre Raffarin doit, aujourd'hui, nommer un délégué interministériel, chargé de coordonner cette action au niveau national. Il doit aussi trancher sur le nom donné à cette cellule : "task force", "cellule vigie", "structure ad hoc"...