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« La RTT est acquise juridiquement et socialement »

SANS | publié le : 08.10.2002 |

E & C : Les assouplissements des 35 heures proposés par le gouvernement vous semblent-ils répondre aux attentes ?

B. B. : Il semblait incontournable que le nouveau gouvernement s'attaque au problème des 35 heures, qui avaient été rigidifiées à l'extrême, alors même que le projet initial visait à faire baisser en douceur la durée du travail. Et il est évident qu'un contingent plus fort d'heures supplémentaires va faciliter la vie des entreprises. Nombre d'entre elles ont négocié un accord de flexibilité à des conditions telles qu'il se révèle finalement inapplicable.

En revanche, je suis un peu surpris du discours sur les salariés qui réclameraient des heures supplémentaires. Bien sûr, avec la réduction du temps de travail, certains ont pu voir leur pouvoir d'achat stagner, voire baisser. Mais si les salariés s'en plaignent, c'est que les politiques prétendaient qu'elle se ferait sans contrepartie ! Or, le passage aux 35 heures se paie aussi par plus de flexibilité et plus de productivité.

E & C : Pensez-vous que la réforme Fillon signifie la fin des 35 heures ?

B. B. : Non. La durée légale reste de 35 heures, un salarié recruté sur une base de 39 heures sait qu'il sera payé en heures supplémentaires. La RTT est acquise, à la fois juridiquement et socialement. Les jeunes continueront de vouloir travailler 35 heures, de même que les cadres en forfait jours. D'ailleurs, les entreprises veulent développer ce type de forfait, alors même qu'il me paraît bien plus compliqué à gérer.

Enfin, il ne faut pas croire que les branches ou les entreprises vont renégocier à tout-va.

E & C : Le texte vous paraît donc positif ?

B. B. : Pas tout à fait, dans la mesure où les entreprises qui ne sont pas encore passées aux 35 heures risquent de ne jamais le faire, ce qui engendrerait une société à deux vitesses. C'est aussi la faute du gouvernement précédent, qui n'aurait jamais dû faire de différence entre grandes et petites entreprises : toutes les entreprises avaient besoin de souplesse. De plus, les employeurs qui s'étaient efforcés de signer un accord Aubry 2 voient leur allègement structurel disparaître ! Ils en ont un peu assez de ces revirements idéologiques. Cela n'encourage guère le civisme.

(1) 35 heures : le temps du bilan, de Bernard Brunhes, Denis Clerc, Dominique Méda et Bernard Perret, Editions Desclée de Brouwer, novembre 2001.

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