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Une gestion prudente , mais un abondement conséquent

SANS | publié le : 01.10.2002 |

Tous les salariés de Coca-Cola France cotisent pour leur retraite. Une gestion financière prudente de ce contrat à cotisations définies limite les risques sur le long terme. Et l'entreprise abonde largement cette épargne.

Les 2 300 salariés de Coca-Cola France ont, entre les mains, leur premier relevé de compte individuel d'épargne, avec une simulation de leur niveau de rente au moment de la retraite. Depuis l'accord de décembre 2000, signé par tous les syndicats, sauf la CGT, ils disposent, en effet, d'un régime de type article 83, à cotisations définies. « Il nous semble que nous avons une responsabilité, dès aujourd'hui, dans la préparation des retraites, explique Alain Mauriès, DRH de Coca-Cola Entreprise. Il faut s'y prendre tôt. Et si vous laissez le choix d'épargner ou non, beaucoup ne le feront pas. »

200 % d'abondement

C'est ainsi que, chaque mois, les salariés de Coca-Cola cotisent obligatoirement à hauteur de 2 % de leur salaire, mais l'entreprise y ajoute 4 %, soit 200 % d'abondement.

Ce dispositif article 83 a pris la place d'un système à prestations définies plus ancien, qui ne correspondait plus aux enjeux assignés : « Il comptait peu de bénéficiaires ; il supposait que ceux-ci soient présents dans l'entreprise au moment du départ en retraite pour en profiter ; enfin, il générait des coûts de gestion exponentiels sur quinze-vingt ans », résume Alain Mauriès.

Chaque terme du nouvel accord a été soigneusement pesé, durant six mois de négociation : « C'est un sujet très technique, il fallait savoir prendre son temps. » En particulier, un débat a eu lieu sur le caractère facultatif ou obligatoire du dispositif à créer. Pour la gestion financière, Coca-Cola a fait appel à La Mondiale. Et, en matière d'investissements, l'entreprise et les signataires ont opté pour la sécurité. « Notre choix s'est porté sur un fonds en francs, à l'époque, adossé à l'actif de La Mondiale, plutôt qu'en unités de compte, plus risqué, précise le DRH. Le rendement est assez linéaire, avec une sensibilité à la Bourse quasi nulle. » Pour de tels produits, le rendement minimal est de 3 %, et, ces dernières années, les gestionnaires des régimes 83 ont assuré des taux de 4,5 % à 5 %.

Recherche de performance

Une performance, certes sécurisée, mais relativement faible. Permettra-t-elle de verser des rentes significatives, alors que les spécialistes expliquent qu'il faudrait pouvoir atteindre de forts rendements, au moins au début, pour faire décoller cette épargne de long terme ? « La gestion en francs ou en euros n'interdit pas la recherche de performance, répond Alain Mauriès. Et surtout, il ne faut pas oublier notre abondement important qui, dès le départ, dope cette épargne. »

Enfin, la direction de Coca-Cola entend associer l'épar- gne salariale à ce dispositif retraite, et devrait engager rapidement une négociation autour du Plan partenarial d'épargne salarial volontaire (PPESV). Bloqué sur dix ans, ce dispositif permettrait à ceux qui le souhaitent de constituer un second complément de retraite. Et, éventuellement, de rechercher la performance boursière. Au sein de Coca-Cola France, et au côté de la capitalisation pour tous, il deviendrait une sorte de deuxième pilier facultatif pour la retraite.

COCA-COLA FRANCE

Effectifs : 2 246 salariés.

Chiffre d'affaires 2001 : 1,2 milliard d'euros.

Régime retraite ou épargne salariale ?

La loi Fabius a orienté l'épargne salariale vers le long terme, notamment avec le PPESV, bloqué sur dix ans. Le législateur s'était défendu d'en faire un outil de retraite. Mais aujourd'hui, l'épargne salariale pourrait bien devenir la solution française en matière de financement des retraites. Et c'est bien ainsi que beaucoup d'entreprises l'analysent déjà, notamment celles qui n'ont pas de régime de retraite.

Pour les autres, elle peut constituer un outil supplémentaire d'épargne, volontaire cette fois, et légèrement plus favorisé fiscalement et socialement qu'un article 83, par exemple. Ainsi, les régimes à cotisations définies sont soumis à impôts et charges sociales en sortie, contrairement à l'épargne salariale. Mais, nuance non négligeable, l'investissement en épargne salariale sort en capital et non en rente. Et la transformation en rente, avec les tables de mortalité très prudentes des assureurs, coûte cher.

Les deux outils peuvent donc être considérés comme complémentaires. Par exemple, Coca-Cola France, qui dispose d'un régime à prestations définies (lire ci-dessus), souhaite aussi engager une négociation sur un PPESV. « Ce serait une forme de complément de retraite pour ceux qui le souhaitent, explique Alain Mauriès, DRH de Coca-Cola Entreprise. Proposer ce dispositif facultatif répondrait, en partie, au débat soulevé en interne sur la liberté d'épargner lorsque nous avons élaboré l'accord retraites, en 2000. »

Shell complète aussi son panel d'outils d'épargne avec un Plan d'épargne d'entreprise (PEE), abondé à 50 % par l'employeur. Les salariés ont la possibilité d'y investir jusqu'à 3 % de leur salaire. Malgré son blocage à cinq ans, il est aussi utilisé comme un outil à long terme : la moitié des salariés qui y ont investi restent dans le dispositif à l'issue du plan. Le PEE propose deux FCPE, l'un en actionnariat diversifié, l'autre en monétaire. Et sur le mode de la gestion générationnelle, à la sortie d'un premier plan de cinq ans, on entre automatiquement dans le FCPE monétaire au profil de gestion moins agressif et moins risqué.

En matière de rémunération différée, y compris à vocation retraite, l'épargne salariale est la grande gagnante de ces dernières années. Plus que des créations d'"article 83", on recense des plans d'épargne long terme (PELT, six à dix ans de blocage) et des PPESV en gestation. Bouygues, LVMH, Usinor, par exemple, ont choisi l'épargne salariale.