Dans quelques semaines, la Nouvelle-Zélande, détentrice de la Coupe de l'America, défendra, pour la deuxième fois, son titre chez elle, tandis que ses challengers se départageront, dès ce début octobre, sur le plan d'eau d'Auckland. Depuis 1995, Team New Zealand est la meilleure équipe de voile du monde. Son bateau Black Magic avait alors écrasé l'américain Stars and Stripes à San Diego. L'exploit a fait surgir cette île des antipodes sur la carte du monde. Organisant la Coupe, Team New Zealand en retire des bénéfices considérables pour le pays : 300 millions d'euros de PIB net générés pour l'ensemble de la Nouvelle-Zélande, dont 75 % pour Auckland, l'équivalent de 10 600 emplois/an apportés à l'économie nationale.

Artisan du succès, véritable label national, Team New Zealand est devenue la référence absolue en matière de Coupe de l'America. Mais aussi un vrai modèle de management. A tel point qu'en 1996, l'équipe sort Team Think, un manuel de 160 pages destiné à tous les entrepreneurs du pays et retraçant les méthodes pour accéder à la victoire. « Les principes exposés pourront servir de modèle à l'ensemble du pays et, surtout, au business néo-zélandais. Les Néo-Zélandais aiment le sport et Team New Zealand a prouvé combien le travail d'une équipe, le management d'un projet et un certain nombre de valeurs peuvent conduire au succès. »

Dès 1993, Peter Blake et quinze de ses collègues édifient ainsi leur charte, Vision statement, fondée sur le respect de l'autre. Ils signent ensuite un pacte qui deviendra la clé de leur réussite. Les règles tiennent en quelques lignes : offrir un cadre de travail motivant permettant de libérer la créativité de chacun au sein de la vision commune, développer l'intégrité et la communication à l'intérieur de l'équipe, rester modeste et concentré sur ses objectifs et, surtout, au final, « s'éclater ! ». A priori, rien de révolutionnaire ou qui vienne bouleverser les manuels de management. Sauf que les Kiwis ne se sont pas contentés de poser cette charte sur le papier. Ils l'ont mise en oeuvre à la lettre, avec, pour seule religion, "The Team". En 2000, Russell Coutts, barreur de l'équipe, laisse Dean Barker, son élève de 26 ans, barrer la dernière régate face à l'Italien Prada ! Du jamais vu dans l'histoire de la Coupe. Team New Zealand offre une magistrale leçon d'esprit d'équipe ! Bertrand Pacé, ex-barreur du bateau français en 2000 et recruté par Team New Zealand, il y a deux ans, reste, quant à lui, encore surpris du fonctionnement des Kiwis : « Au début, j'ai été très choqué par leur façon de prendre les décisions. Elles sont toutes prises de manière démocratique. La voix de Tom Schnackenberg, 56 ans, éminence grise de l'équipe, ami de Peter Blake et plusieurs coupes à son actif, ne compte pas plus que celle d'un jeune équipier de 20 ans, qui court pour la première fois. » Hiérarchie horizontale, circulation de l'information, travail et créativité... le modèle a fait ses preuves ! Bientôt dix ans que la machine tourne !

En 2000, le petit monde de la voile prédisait la chute de la maison Team New Zealand. Les Néo-Zélandais ont démontré le contraire et remporté la Coupe pour la seconde fois. Cette année, avec la mort de Peter Blake et le départ de Russell Coutts, son barreur virtuose, vers l'équipe suisse, les rumeurs vont bon train... Preuve que la magie noire kiwi continue de fonctionner et de fasciner !

110

salariés.

40

millions d'euros, environ, sur trois ans de budget.

1987,

1re participation. 1995, vainqueur de la Coupe de l'America. 2000, defender et vainqueur de la Coupe de l'America. 2003, defender.