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De nombreux salariés ne sont pas encore reclassés

SANS | publié le : 01.10.2002 |

Un an après la reprise d'AOM-Air Liberté par Holco, une partie des 1 406 salariés licenciés n'ont toujours pas retrouvé de travail et des menaces planent encore sur la nouvelle compagnie Air Lib.

«Nous ne prévoyons aucune suppression de poste. Nous développons, au contraire, l'activité. Nous envisageons de nouvelles lignes vers l'Afrique pour compenser les réductions de vols sur les Dom, affirme Bruno Calderini, directeur général, chargé des ressources humaines d'Air Lib, ex-AOM-Air Liberté. Supprimer des postes serait un non-sens économique et social. Mais nous discutons avec le personnel en vue de concessions sur les horaires et les disponibilités pour les prises de poste. »

La direction d'Air Lib dément les informations de presse faisant état de la suppression prochaine de 250 emplois. Le personnel, lui, estime avoir déjà trop payé avec les 1 406 licenciements prononcés, l'été dernier, lors de la reprise d'AOM-Air Liberté par Holco, menée par Jean-Charles Corbet, ancien responsable du Syndicat national des pilotes de ligne.

Choix du CE

Le CE s'était prononcé pour la solution Holco, jugée à la fois la plus fiable et la moins socialement douloureuse, parmi les 15 offres de reprise arrivées au tribunal de commerce après le dépôt de bilan d'AOM-Air Liberté, en juin. Assistés par le cabinet d'expertise Secafi Alpha et par les avocats du cabinet Bouaziz, le CE avait rencontré la quasi-totalité des repreneurs potentiels et avait pu comparer les offres aux niveaux financier, économique et social.

Des résultats moyens

A l'époque, le ministre des Transports s'était engagé à ne laisser aucun salarié sur le carreau et avait promis un millier de recrutements dans des entreprises de transport du secteur public : Air France, SNCF, RATP, ADP... Ces dernières ont peu embauché. Un an après, le bilan du plan social confié aux administrateurs judiciaires paraît pour le moins mitigé. « Nous ne sommes pas concernés, mais nous savons que des hôtesses et des stewards ont été reclassés, quelques rares pilotes aussi, mais Air France devrait reprendre maintenant les embauches gelées à la suite du 11 septembre », indique Bruno Calderini.

Interrogés sur ce sujet, l'administrateur judiciaire et Altedia, qui gérait la cellule de reclassement, ont refusé d'indiquer combien de licenciés étaient reclassés. D'après les informations fournies, mi-septembre, au comité de suivi, 801 salariés licenciés ont adhéré à la cellule de reclassement, laquelle vient de fermer après un an de fonctionnement. Un peu plus de 80 % des hôtesses, stewards et personnel au sol, et 52 % des personnels navigants techniques seraient en "solution de reclassement" (contrat de travail ou formation longue). S'exprimant au nom du CE et de la CFDT, Gilles Nicoli se réjouit qu'Air Liberté ait respecté la priorité d'embauche et repris plus d'une vingtaine de pilotes, à la faveur de l'ouverture de nouvelles lignes. Mais il souligne que beaucoup d'ex-salariés restent au chômage et que nombre de reclassements sont l'oeuvre des licenciés eux-mêmes. A son avis, les moyens mis dans l'antenne de reclassement étaient insuffisants, d'autant que Swissair, actionnaire majoritaire d'AOM-Air Liberté, n'y a pas engagé les sommes promises.

Nouvelles perspectives

Depuis douze mois, nuages et éclaircies se sont succédé. Le 11 septembre a provoqué une onde de choc dans le transport aérien et fait planer sur Air Lib des risques de dépôt de bilan. Les élections nationales, ensuite, ont remis en cause la création d'un GIE fiscal pour l'achat de deux Airbus. Deux audits ont été réclamés par le gouvernement sur la situation d'Air Lib.

Manque d'informations

Mais, d'ores et déjà, de nouvelles perspectives se dessinent. Le lancement d'Air Lib Express, à tarifs économiques, est prometteur, tout comme les nouvelles lignes sur l'Algérie. Le délai pour rembourser le prêt d'Etat apporte également une bouffée d'oxygène.

Enumérant ces orientations, Gilles Nicoli garde espoir dans la survie de l'entreprise, mais il déplore le manque d'informations données au comité d'entreprise sur la situation financière et sur les deux audits réalisés par des cabinets extérieurs. « Si c'était à refaire, confie-t-il, je voterais à nouveau pour Holco, mais je serais plus exigeant sur le traitement du plan social et les décisions capitalistiques. »

Les accords conclus depuis la reprise

Harmonisation des statuts du personnel non cadre, gommant ainsi les différences observées entre les salariés issus des précédentes compagnies : TAT, Minerve, AOL, Air Liberté. Une "régularisation" reste à faire pour les cadres.

Conformément aux engagements de Jean-Charles Corbet, ex-responsable du Syndicat national des pilotes de ligne, conclusion d'un accord pour une majoration des indemnités de départ, au cas où de nouveaux licenciements économiques devraient intervenir.

Maintien, pour les partants, de la prise en charge patronale de la complémentaire santé dans le cadre du contrat groupe.

Des accords ont aussi été signés sur les conditions de travail et d'emploi du personnel au sol.