Les jeunes cadres version 2002 feraient-ils preuve de maturité ? Incontestablement, si l'on en croit les réponses des 6 376 jeunes diplômés et jeunes cadres interrogés dans la 3e édition du baromètre ORC, réalisé en partenariat avec Le Monde et Cadremploi. Ni mercenaires, ni soumis, ils semblent, aujourd'hui, être devenus prudents et lucides.

Ainsi, après avoir fait de l'entreprise un lieu de réalisation puis de construction de soi, désormais, elle les aide à parvenir à cet emblématique équilibre tant recherché : 77 % des cadres interrogés sont, en effet, en quête d'un mariage réussi entre vie privée et vie professionnelle, bien avant l'appât du gain, qui ne mobilise que 45 % de l'échantillon. Pas étonnant, donc, que près des trois quarts des jeunes se disent réfractaires à prendre des responsabilités.

Les entreprises seront donc surprises de découvrir que seuls 27 % aspirent à occuper des fonctions de direction d'ici à dix ans. Mais s'ils refusent de s'investir plus que nécessaire, ils revendiquent toutefois un travail passionnant, capable de les épanouir. Certes, la conjoncture, ils le savent, n'est pas favorable à de telles prétentions. Ils sont réalistes, mais pas désespérés, et attendent leur heure, celle du papy-boom. Les deux tiers prévoient un retournement du marché de l'emploi, en leur faveur, d'ici à deux ans. En attendant, les jeunes cadres recherchent des employeurs rassurants. Les PME ? Ce sera pour plus tard. Seules les grandes entreprises réunissent les arguments susceptibles de proposer, entre autres, une santé financière (pour la plupart d'entre elles !), une dimension internationale et une forte culture d'entreprise. Bref, l'aventure, c'est bien fini. Ils attachent, également, et pour 97 % d'entre eux, de l'importance à la dimension éthique et à la notion d'« entreprise citoyenne ». En théorie, car ils ne sont, en effet, pas prêts à refuser un emploi, par exemple, dans une entreprise connue pour être polluante.

Autre aspiration des jeunes cadres d'aujourd'hui : une bonne ambiance de travail. Ils font là référence davantage à un mode de management, fondé sur la proximité et la reconnaissance, qu'à des relations agréables avec leurs collègues. Et s'ils se plaisent dans l'entreprise, ils ne regarderont pas ailleurs, enfin, pas tout de suite : 79 % pensent changer d'entreprise après deux à cinq ans d'expérience.