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Renault cultive la créativité de ses designers

SANS | publié le : 17.09.2002 |

En organisant une mobilité vers des "centres satellites", implantés dans des capitales culturelles, Renault permet à ses designers de se ressourcer.

Un design innovant fait partie de la signature de Renault. C'est dire que la centaine de designers de la maison compte parmi les personnels stratégiques de la marque, qui se revendique comme un « créateur d'automobiles ». Avec une telle carte de visite, il y a intérêt à nourrir en permanence le potentiel créatif de l'équipe du style.

La majorité des designers de Renault, de toutes origines et nationalités, travaillent dans la ruche du Technocentre de Guyancourt (78). Mais quelques autres oeuvrent à Paris intramuros, ou à Barcelone, dans ce que la direction du design a appelé des "centres satellites". « Tous les designers se fatiguent, à un moment ou à un autre, explique Serge Van Hove, patron de la stratégie du design chez Renault. Ils ont besoin de changer. Qu'un designer change de société tous les sept à dix ans, c'est dans l'ordre des choses. » Mais, avec ces centres satellites, installés dans des capitales culturelles, Renault propose une alternative.

L'idée est née en 1997, le studio de Barcelone a ouvert en 1999. Les missions, de quelques mois à un an, sont envisagées dans le cadre de la gestion de carrière propre à l'ensemble de l'entreprise, c'est-à-dire au sein des comité de carrières. Cette politique de mobilité et de rupture culturelle dans des foyers de création n'est pourtant pas la règle dans l'automobile. Par exemple, Toyota a installé son centre de design à Sophia Antipolis et Mercedes au bord du lac de Côme.

« Nous, nous recherchons l'intensité culturelle, poursuit Serge Van Hove. La gestion de la créativité est un exercice important et délicat. » Le centre de Paris, pour l'heure installé dans le VIIIe arrondissement, migrera bientôt vers Bastille et accueillera une douzaine de designers ; celui de Barcelone, qui compte six à sept créatifs de Renault, est tout proche de la vieille ville. Quant au partenaire Nissan, il est installé au coeur de Londres.

Outil de fidélisation

« Notre dispositif donne un espace supplémentaire, que certains trouveraient autrement, en partant vers la concurrence, juge Serge Van Hove. A ce titre, c'est aussi un outil de fidélisation. Même si nous savons bien qu'un designer doit changer à un certain moment. » De fait, certains partent en Allemagne ou ailleurs. D'autres en viennent. Ce fut le cas de Patrick Le Quement, patron emblématique du design Renault, arrivé de chez Ford et VAG.

Foyers créatifs

Antony, 28 ans, chez Renault depuis trois ans et demi, est rentré à Guyancourt, après cinq mois passés à Barcelone. Il est parti dans la capitale catalane après deux ans et demi au Technocentre. « J'ai demandé, dès le départ, à bénéficier de ce programme, explique-t-il. Globalement, l'entreprise associe un "resourcing" à chaque designer. Barcelone, par exemple, propose un accès très facile à de nombreux foyers créatifs, sans doute moins élitistes qu'à Paris. »

L'entreprise s'occupe de la logistique. Elle possède un petit parc immobilier, proche du studio de création, qui permet aux designers de séjourner à Barcelone, parfois avec leur famille. Un an après son retour, Antony estime que cette expérience a nourri son travail actuel, lui permettant de se détacher de l'influence du Technocentre, d'éviter le risque d'une créativité stéréotypée. Dans ce but, la direction du design a d'ailleurs développé un autre outil, plus léger : les "missions tendances" qui, chaque année, permettent à un groupe de designers de côtoyer artistes, architectes ou autres créatifs, à Londres, à la Biennale de Venise ou au Salon de Milan. Ils éditent un bilan sous forme de brochure très illustrée, diffusée à tout le design Renault et à l'extérieur.

Mode individuel

Mais attention, rien de tout cela n'est une sinécure. « Les centres satellites ne sont pas des centres de remise en forme, martèle Serge Van Hove, mais des contributeurs aux projets de design. » La base du système repose sur l'étanchéité des différents centres. De la même façon que les designers travaillent sur un mode individuel, présentant leur projet dans le cadre de concours internes sur cahier des charges, les centres y participent séparément. Barcelone vient d'ailleurs d'en remporter un. A la différence de Guyancourt, une partie du processus de création, qui demande de l'espace et des moyens - la modélisation à l'échelle 1 en particulier - ne pourra être réalisée sur place, et migrera au Technocentre.

DIRECTION DU DESIGN RENAULT

Effectifs : 350 personnes, dont 100 designers.

Centres : Guyancourt (78), Paris, Barcelone. Pour Nissan : Londres.