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Les TMS comme signal d'alerte

SANS | publié le : 17.09.2002 |

La filiale du groupe Trois Suisses, qui n'a pas recruté depuis 1996, connaît un vieillissement sensible de ses salariés, qui se traduit par une vague de troubles musculo-squelettiques. Des améliorations ergonomiques viennent d'être apportées à l'atelier emballage des commandes.

Depuis quelques mois, les salariées de l'atelier "emballages multiples" disposent d'une nouvelle table de travail qui tient compte des façons individuelles de travailler. Désormais équipée de tablettes amovibles, la table se règle en hauteur. Une zone est dédiée à la ventilation des objets promotionnels à insérer dans les colis et à la constitution des commandes. Les plans de travail sont arrondis pour faciliter l'atteinte du casier contenant le produit à emballer. Des rampes, installées à mi-hauteur, permettent d'évacuer les bacs vides sans se baisser.

A l'origine de ces bouleversements : une vague de TMS qui pousse la direction à s'interroger sur les effets conjoints du vieillissement et de conditions de travail difficiles.

« A La Blanche Porte, la moyenne d'âge, de 38 ans, est peu élevée, mais le chiffre cache des réalités contrastées, explique le DRH, Jacques Fleurette. Par exemple, le traitement du retour des articles a longtemps été un secteur refuge pour les salariés atteints d'inaptitude professionnelle, car il présente des conditions de travail moins pénibles. Le secteur emballage, lui, a très peu embauché sur la période 1995-2000 et, dans le même temps, a vu sa charge de travail augmenter. C'est également un secteur où les gestes sont répétitifs. »

A la préparation des commandes également, le degré de pénibilité du travail est élevé : station debout permanente, port de charges lourdes, objets placés haut dans les rayonnages. C'est dans cet atelier que la direction prend d'abord conscience du problème du vieillissement. Le médecin du travail attire son attention sur un nombre croissant de TMS débouchant, de plus en plus, sur des inaptitudes professionnelles au poste.

Traitement par défaut

Dans un premier temps, le problème est traité par défaut. Les salariés les plus touchés sont licenciés, les autres sont mutés dans des ateliers réputés moins difficiles, comme l'emballage. Mais la logique arrive à saturation. L'atelier emballage commence à présenter les mêmes symptômes.

L'observation des postes de travail et une série d'entretiens avec les salariés permettent à La Blanche Porte, en partenariat avec l'Aract Nord-Pas-de-Calais, de mettre en lumière les principaux facteurs de TMS. Un cabinet de consultants en ergonomie est sollicité.

Comité de pilotage

« Nous avons constitué un comité de pilotage, avec le médecin du travail, la direction, l'encadrement de terrain et les représentants du personnel. Le consultant les a d'abord formés à l'ergonomie et aux facteurs de risques. Puis un groupe de travail, incluant des opérateurs, a été constitué pour élaborer la nouvelle situation de travail, qui devait, avant tout, garantir une plus grande autonomie au salarié afin qu'il puisse adopter un mode opératoire personnel. »

Coût de l'opération : « Moins d'un million d'euros, répond Jacques Fleurette. De toute façon, le matériel devenait obsolète, il aurait fallu le changer. Les préoccupations ergonomiques ont entraîné un surcoût de l'ordre de 70 000 à 140 000 euros, dont la moitié a été financée par le biais de subventions. Sans compter le gain économique et social. »

Bémol syndical

Francine Fontaine, déléguée syndicale FO, émet des réserves. « La nouvelle table apporte des améliorations, notamment en supprimant les torsions du tronc. Mais, parallèlement, les cadeaux à insérer dans les colis sont de plus en plus volumineux et de plus en plus nombreux, au point que nous n'avons plus de place sur la table et devons les mettre par terre, ce qui nous contraint, de nouveau, à nous baisser. Il nous est également de plus en plus difficile de respecter les objectifs de productivité, fixés à 50 colis à l'heure. Les magasiniers, eux, font de plus en plus d'allers-retours pour nous approvisionner. Plus le temps passe, plus nous travaillons dur. »

La direction des ressources humaines est plus enthousiaste : « Certes, tout n'est pas rose, mais des améliorations considérables ont été apportées. Nous avons également acquis une méthode et appris à privilégier le travail participatif sur un mode projet. » Prochaine étape : la préparation des commandes. La réflexion est déjà en cours.

LA BLANCHE PORTE

Activité : vente par correspondance.

Effectifs : 1 000 salariés, dont 800 en CDI et 200 à temps partiel ou en CDD saisonniers, répartis sur trois sites.

Moyenne d'âge : 38 ans.